10 Conquérir en épousant le mouvement romantique les aristocraties écossaises et anglaises à la fin des années 1840 par une nouvelle technique, la lithographie, et de nouvelles stratégies commerciales
Michel Bouquet s’avère être dans ces nouvelles créations un dessinateur et lithographe extraordinaire, car cette fois-ci, c’est lui qui les réalise, il ne passe plus par l’intermédiaire d’un autre graveur comme Ciceri.
Après s’être promené au début des années 1840 dans les lumières vives, flamboyantes, tranchées et obsessionnelles des espaces littoraux méditerranéens, y compris l’Afrique du Nord et l’Asie ottomane, il s’engage au début des années 1850 dans un périple pédestre septentrional à la recherche des exceptionnelles Lumières du Nord.
Contrairement à l’anglais Thomas Gainsborough qui estimait qu’en dehors de l’Italie, aucun paysage ne valait d’être peint, le français Michel Bouquet ne trouve rien de plus beau au monde que les paysages des Highlands écossais. Des paysages qui le mènent à la peinture fantastique, à l’effroi face à la puissance de la montagne, aux solitudes élevées, aux lunes dorées, aux atmosphères hyperboréennes humides où la lumière est diffusée par les prismes multiples et infinis de la vapeur d’eau.
Il n’hésite pas à franchir la Manche pour conquérir de nouveaux publics, les aristocraties écossaises et britanniques, la bourgeoisie industrielle anglaise, mais aussi tous ceux qui sont passionnés par l’histoire celtique, fort en vogue au début du XIXème siècle et dont la révélation que les écrits d’Ossian soient un faux n’a pas détournés de cet univers à leurs yeux délicieusement romantique et fondamentalement identitaire. Pour les lecteurs cultivés bretons, gallois, irlandais, écossais au fait du celtisme, Michel Bouquet dessine des espaces mythiques : les Ruines d’Iona, la Grotte de Fingall à Staffa.
10/24 Conquering the Scottish and English aristocracy by embracing the romantic movement in the late 1840s with a new technique, lithography, and new business strategies
Michel Bouquet turns out to be in these new creations an extraordinary draftsman and lithographer, because this time, it is he who realizes them, he does not pass through another engraver like Ciceri.
After strolling in the early 1840s in the bright, flamboyant, trenches and obsessions of Mediterranean coastal spaces, including North Africa and Ottoman Asia, he began a journey in the early 1850s. hyperborean pedestrian looking for the exceptional lights of the North.
Unlike the Englishman Thomas Gainsborough who felt that outside of Italy, no landscape was worth painting, the French Michel Bouquet finds nothing more beautiful in the world than the landscapes of the Scottish Highlands. Landscapes that lead to fantastic painting, fright at the power of the mountain, high solitudes, golden moons, moist hyperborean atmospheres where light is diffused by the multiple and infinite prisms of the vapor of water.
He does not hesitate to cross the Channel to win new audiences, Scottish and British aristocracies, the English industrial bourgeoisie, but also all those who are passionate about Celtic history, very popular in the early nineteenth century and whose revelation that Ossian's writings are a fake did not turn away from this universe in their eyes deliciously romantic and fundamentally identity. For readers who are Breton, Welsh, Irish, Scottish and Celtic, Michel Bouquet draws mythical spaces: the Ruins of Iona, the Grotto of Fingall in Staffa.
Mais son crayon et sa pointe tracent aussi à partir d’une peinture faite totalement en plein air à partir de cartons et de carnets qu’il promène avec lui, des châteaux entourés d’espaces engazonnés à destination de l’aristocratie écossaise ou anglaise. Il s’adresse également à la bourgeoisie industrielle britannique par la mise en évidence de l’usine du monde qu’est devenue le Royaume-Uni, des dessins de cheminées fumantes à côté de charmants châteaux, des steamers fumants sur des lacs écossais.
Il expose en filigrane à destination du public aristocratique écossais – et français – des évènements historiques par eux partagés, comme l’épopée tragique de la reine Marie Stuart, et s’attache les milieux intellectuels et artistiques en leur présentant des paysages romantiques à souhait dont les versants escarpés s’orientent vers le japonisme.
Enfin, toujours doté d’un sens aigu des nouvelles passions sociétales, Michel Bouquet montre à des lecteurs anglo-saxons, de plus en plus épris des hauteurs alpines ou pyrénéennes, l’attraction que peuvent exercer les beautés vertigineuses de la montagne dans les passes écossaises des Highlands, contrées berceau d’une langue celtique, le gaélique écossais.
Ainsi, bien longtemps avant la plupart de ses collègues peintres français, il s’engage vers l’internationalisation, trente ans avant Whistler, que l’on présente comme le précurseur du peintre à marché international dans les années 1870. C’est une réussite éditoriale axée d’emblée sur un double marché, Paris et Londres. Elle montre également au public la maîtrise d’un talent immense, celui d’un dessinateur et lithographe hors pair qui pose le point de vue comme élément fédérateur de son oeuvre écossaise.
1 La destruction de son atelier pendant la révolution de 1848
Nous voici en 1848, période des secousses révolutionnaires. Écoutons Victor Hugo « Nous sommes dans le moment des peurs paniques. Beaucoup de bonnes choses sont ébranlées et toutes tremblantes encore de la brusque secousse. Les hommes d’art courent dans toutes les directions après leurs idées éparpillées. Qu’ils se rassurent. Ce tremblement de terre apaisé, nous retrouverons notre édifice de poésie debout et plus solide de toutes les secousses auxquelles il aura résisté. »
Pendant cette période troublée, les investisseurs – surtout ceux qui se préoccupent d’art – suspendent leurs décisions d’achat, ne sachant que faire devant les avenirs incertains. La préoccupation de nombreux artistes devient rapidement celle de la survie au quotidien. Pour ceux comme Michel Bouquet qui avaient eu la possibilité et le temps de mettre de l’argent de côté, cela posait moins de problèmes. Mais en même temps sa position bien en vue dans les milieux monarchiques et aristocratiques, faisait peut-être de lui une cible pour les révolutionnaires.
Ces derniers s’en prirent à son atelier après avoir fracturé sa porte. On peut avancer une date précise, celle de la nuit du 23 au 24 février 1848, où la fusillade de l’armée sur la foule fait près de 50 morts et relance l’insurrection. Les insurgés dévalisent toutes les armureries et les lieux susceptibles d’en détenir. C’est pour cette raison, selon les voisins de l’artiste, qu’ils étaient venus, pour choisir des armes que Michel Bouquet – qui avait une âme de collectionneur – avait disposées un peu partout dans son appartement sous forme de panoplies, mais on peut peut-être aussi penser que c’est le symbole de l’homme ami d’un système aristocratique et monarchique qui était également visé.
Les pilleurs ne se sont pas contentés de prendre les armes, ils ont également volé ses œuvres, et plus tristement ont détruit ce qu’ils ne pouvaient emmener. Lorsque Michel Bouquet est revenu à son logis, un spectacle désolant l’attendait.
Des années de travail, de notes, de dessins, de croquis au crayon ou à la plume, d’aquarelles, de pastels, d’huiles sur toile terminées et classées avaient soit disparu, soit été détruites. Disparues les notes et les images patiemment travaillées de l’Algérie, l’Italie, la Sicile, la Grèce, la Turquie et la Moldavie-Valachie de ce premier XIXème siècle.
Il entendait encore au milieu des décombres de son atelier orné autrefois de nombreuses toiles et dont les murs qui l’entouraient étaient aujourd’hui dénudés, il entendait encore dehors les crépitements des fusillades et les hurlements de la foule. Que faire ?
Devant ce désastre pictural, le travail de tant d’années disparues, il commençait à être accablé par la tristesse et le désespoir lorsqu’il vit entrer un de ses meilleurs des amis, un grand artiste certes, mais de surcroît un homme étonnamment exceptionnel de par son physique de séducteur et sa personnalité portée aux spéculations mathématiques, à savoir Gavarni, à qui Edmond et Jules de Goncourt n’ont consacré pas moins que tout un livre, Gavarni, l’homme et l’oeuvre. Il est étonnant d’ailleurs que les frères de Goncourt qui appartiennent tous deux au courant du naturalisme, ne se soient pas penchés sur ce naturaliste éternel qu’était Michel Bouquet. Il est vrai qu’ils se sont beaucoup plus intéressés de 1859 à 1870 à L’art du XVIIIe siècle et aux femmes de cette période : Histoire de Marie-Antoinette, 1858; La femme au dix-huitième siècle, 1887; Madame de Pompadour, 1888. L’ouvrage sur Gavarni paraîtra d’ailleurs tardivement, en 1926.
Ému de l’abattement de Michel Bouquet face au désastre – il a perdu l’équivalent de vingt années de travaux – Gavarni lui dit : « Ne trouvez-vous pas dit, dit-il au peintre, que le thermomètre monte bien ici et que les émanations de la fournaise nous auront vite desséchés, si nous n’avisons à nous en éloigner au plus tôt ! » Et il continuait ainsi sur le ton d’une apparente bonne humeur, bien qu’au-dedans il soit aussi attristé que son ami, dont il avait parallèlement suivi la même trajectoire auprès de la monarchie. Il tenta, nous dit le neveu de Michel Bouquet, par ce stratagème de lui rendre un peu de courage, et il ajouta quelques plaisanteries qui font partie intégrante du monde des artistes-peintres qui regonflèrent le moral de Michel Bouquet.
Surtout Gavarni ajouta tout en fredonnant l’air connu de la Dame blanche
« Chez les montagnards écossais
l’hospitalité se donne…
L’hospitalité, voilà en effet ce que ces deux peintres étaient réduits à chercher. Pourquoi ne l’auraient-ils pas trouvé au pays où cette qualité était devenue légendaire, cette terre d’Écosse, de temps immémorial, si sympathique à la France, et plus particulièrement à la Bretagne ? » in Le Roux, Aux Lorientais, Michel Bouquet, peintre et céramiste, Lorient, 1894
2 An artist’s ramble in the North of Scotland ; 25 fine views of the beautiful and romantic scenery of that country, folio stitched, London, 1849
Cet ouvrage comprend 21 dessins de Michel Bouquet et trois de Gavarni. La taille de l’ouvrage est de 55x40cm, un ouvrage de luxe qui permet d’avoir en main de grandes créations iconiques. Les dimensions de celles-ci hors cadre sont de 29x45cm. L’ensemble a été lithographié par Michel Bouquet chez Day and Son et publié par Ackerman § Co, London, 1849. Désormais c’est lui qui lithographie, il ne passe plus par un graveur qui risquerait de dénaturer l’oeuvre. Fidèle à sa réputation d’homme qui aime les défis techniques dans le domaine de l’art, il a appris et intégré cette technique de manière absolument remarquable.
Ce livre va faire l’objet d’une promotion étonnante, à l’échelle nationale française, et internationale, puisque de nombreux clubs de lecture européens sont abonnés à l’Illustration.
Michel Bouquet jouera le rôle d’un voyageur qui au quotidien narre ses aventures aux lecteurs sous forme de lettres que chacun peut prendre comme étant à lui adressées. Très belle trouvaille publicitaire.
Ajoutons à cela l’emploi du terme « romantic scenery » que lui accole le vendeur en pleine période romantique. Toujours Michel Bouquet surfe sur les modes, épouse ses lignes de crêtes pour mieux vendre.
Une image axée sur le romantisme à la Victor Hugo et l’effroi à la Füssli
Michel Bouquet, An artist’s ramble in the North of Scotland, London, 1849
La liste des thèmes traités est la suivante :
Rocks, near Slain’s Castle — The Pot of Buchan, looking seaward — Girls washing clothes par Gavarni — The Pot of Buchan, near Peterhead — A Highland piper, par Gavarni — A stream in the Highlands — The light-house, off Peterhead — Evening on the banks of the Dee — Putting the stone, par Gavarni — Ruins of Dunnottar Castle, near Stonehaven — A view of the coast, near Peterhead — Ruins of Kildrummy Castle — The Cathedral of St. Machar, Old Aberdeen — Moon-rise in the valley of Cairn Gorm — Waiting for a roe, in the Highlands — Balmoral Castle, the Royal residence, Aberdeenshire, Scotland — Salmon fishery at Berry Hill, near Aberdeen — In Lord James Hay’s park, at Seaton House — Cavern, the Bullers of Buchan — The old Balgounie Bridge, near Aberdeen — On the banks of the Dee — Waterfall on the Don — Moon-light in the Bullers of Buchan — Castle on the banks of the Don
Les images issues de ce livre figurent rarement dans les ventes. Deux d’entre elles ont fait leur réapparition lors des enchères de The Edge Hall Library, lot 97. Le livre en lui-même est ainsi décrit : Michel Bouquet, An Artist’s Ramble in the North of Scotland, first edition, tinted lithograph title and 24 plates, no letterpress, some foxing, mostly marginal, original roan-backed lithograph printed wrappers, soiled, spine torn, folio, London & Paris, by the Author, 1849. L’auteur ajoute que dans les quarante dernières années , une seule image de cet ouvrage a été mise en vente.
The Pot of Buchan, looking seaward
Michel Bouquet, An Artist’s Ramble in the North of Scotland, tinted lithograph title and 24 plates, London & Paris, 1849 © vente The Edge Hall Library, Londres, lot 97, 12 octobre 2017
Putting the stone, par Gavarni
Michel Bouquet, An Artist’s Ramble in the North of Scotland, tinted lithograph title and 24 plates, London & Paris, 1849 © vente The Edge Hall Library, Londres, lot 97, 12 octobre 2017
Ce qui n’est pas tout à fait vrai, car l’on trouve quelques – mais rares – autres exemplaires
Moonrise in the valley of Cairngorm
Michel Bouquet, Moonrise in the valley of Cairngorm, Lithography, 40x24cm, 1849, page détachée de l’album An Artist’s ramble in the North of Scotland, © vente William Shannon Fine Art, Ederton, Scotland, UK
Cavern, the Bullers of Buchan
Michel Bouquet, Cavern, The Bullers of Buchan, Lithography, 40x24cm, 1849, page détachée de l’album An Artist’s ramble in the North of Scotland, © vente Bonhams, Londres, lot 261, 25 avril 2018
Le descriptif de l’ouvrage mis aux enchères dans cette seconde vente est ainsi intitulé :
Michel Bouquet, An Artist’s Ramble In the North of Scotland, Three Plates of Figures by Cavarni. London: Ackermann & Co., 1849 ; 2° (551 x 440mm). Lithographic title-page with the arms of Scotland, second tinted lithographic title-page, 24 tinted lithographic plates of views and Scottish life by Michel Bouquet. (A few plates with marginal spotting.) Contemporary calf-backed embossed paper boards, spine gilt, green edges (extremities rubbed). Provenance: K. F. Sammlung (armorial shelf label on verso of second title page). RARE. Not in Abbey; not in Tooley. Vente Christie’s, 26 novembre 1997
3 The Tourist’s Ramble in the Highlands, 1850
Un an plus tard, Michel Bouquet fait paraître chez Goupil un autre album de luxe orienté vers des thèmes de plus en plus porteurs pour les élites aristocratiques comme Bourlon de Rouvre, ou bourgeoises, de plus en plus sensibles à l’hygiène et amateurs d’exotisme paysager : les paysages naturels grandioses dont les plages et la montagne.
Un ouvrage de luxe de 55 cm de hauteur
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, 36 plates of the most interesting pittoresques views of Scotland delineated from nature and lithographied by Michel Bouquet, P. and Dom Colnaghi, Past Mall East, London ; Grave, Pall Mall East, London ; Goupil and Cie, 19 Boulevard Montmartre et 12 rue d’Enghien, Paris ; Ghiaut Frères, 3 Boulevard des Italiens, Paris, 1850.
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Linlithgow, birth place of Queen Mary
Le paysage est ici un moyen d’expliquer la géographie visuelle par l’épaisseur historique. La promotion du jardin anglais comme imitateur de la nature.
Originalité de Michel Bouquet : la présence de la modernité industrielle en arrière-plan d’un cadre irénique.
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Ce type d’espace est à rapprocher d’un de ses maîtres à peindre, John Constable
John Constable, Wivenhoe park, 56x101cm, Huile sur toile, 1816 © National Gallery of Art, Washington
Hormis cette première vue d’un paysage aux douces collines, la montagne avec ses vertigineux dénivelés est toujours présente par la suite dans cette oeuvre
Inverrary, on Loch Fine
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Loch Vennachar
A la recherche de l’âme écossaise : pasteur et joueur de cornemuse en kilt coloré d’un tartan, dont la mélodie puissante et stable issue de l’air insufflé dans le blowpipe, équilibrée entre le chanter, les bourdons basse, ténor et les anches résonne sur les six kilomètres du lac
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Ruins of Tartallan castle
Le romantisme à l’état pur : ruines hiératiques, falaises vertigineuses, nuages en fuite, mer déchaînée, voiliers en perdition, rochers déchiquetés, épaves roulées par les flots, mouettes goélands et cormorans en attente de proies
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Turck-Bridge in the Trossacks
Une allusion à Jacques Stuart III, le vieux prétendant ?
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Loch Katrine
Sagesse et sérénité du soir, soleil couchant, subtile harmonie de ce paysage, sons étouffés, eaux calmes aux douces risées
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Falls of Foyers
L’homme et la femme romantiques face à la puissance de la nature. Une représentation du relief rocheux chinoitisante ou japonisante dix ans avant l’introduction de ce courant en France en 1860. Une culture que l’amateur de faïences Michel Bouquet connaît bien, dès son enfance lorientaise, environné qu’il a été de productions de la Compagnie des Indes.
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Dunstaffnage castle
A l’entrée du Loch Etive, un château entouré sur trois côtés par les eaux de l’atlantique, abandonné après l’incendie accidentel de 1810
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Loch Awe
Un des trois plus grands lacs d’eau douce d’Ecosse, sous le regard de la gentry écossaise, haut de forme, redingote, pantalon à tartan, crinolines, chapeaux et ombrelles
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Bridge on the falls of Foyers
La cascade d’une rivière qui alimente le Loch Ness, la mode du grandiose et du pittoresque en art dont Stendhal nous dit dans Les mémoires d’un touriste paru en 1838 qu’il nous vient d’Angleterre.
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
The Pier at Oban
Très grande originalité de Michel Bouquet : 27 ans avant La Gare Saint-Lazare de Monet en 1877 , il peint la modernité au travers de son essence même, le progrès technique, et ceci dans le cadre du sublime, la nature atlantique et écossaise
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Dunolly castle, near Oban
Quoi de plus romantique que cette image nocturne, proche des cauchemars füssliens et des lavis hugoliens ? Avec toujours cette ode au progrès par le truchement d’un bateau à vapeur dans le cadre d’un paysage lunaire somptueux. La beauté pour Michel Bouquet n’est pas que paysagère.
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
The pass of Glencöe,
Archétype de l’importance accordée par Michel Bouquet à la notion de point de vue. Métaphysique de l’espace et effroi face à la nature sont les fondements du romantisme choisi par des élites en mal d’évasion urbaine
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Inverlochy castle
Solitudes glacées du chasseur sur les rives gelées proches de la forteresse quasi-intacte du XIIIe siècle
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Road on the banks of Loch Ness
Tradition équestre et modernité fluviale des transports dans le même espace
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Fishermen’s nets
Toujours Michel Bouquet représente les humbles dans ses oeuvres picturales, ici les pêcheurs des Loch la nuit, à la lueur de la lune, dans un paysage devenu de par son traitement, dantesque
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Invergarry castle, on Loch Oich
Une lithographie à la rigueur de composition très classique, avec un jeu magnifique dans le rendu des profondeurs montagneuses, ce qui n’exclut pas un petit côté polisson avec deux jeunes baigneuses en train de se sécher
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Pass of Inverfaragaich
Une lumière qui de partout ruisselle mettant les parois obscures en valeur
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Bass-Rock from Canty Bay
En face de Tantallon castle, à l’est d’Edimbourg
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Fishermen’s huts, Loch Oich
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Cemetery of Fort William
Le sentiment romantique du temps qui s’écoule inexorablement et gomme peu à peu les actions humaines
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
The Beauley river
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Falls of Kilmorack
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
The Dhruyn Bealey river
Un paysage rupture dans l’histoire de l’art, où ne figure aucune présence humaine, hormis l’allusion à un chemin au flanc de la colline abrupte
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Ruins of Iona
Ici Michel Bouquet met en évidence le romantisme national celtique. L’art est pour lui l’expression d’un ordre social nouveau mélangeant rationalité et sentimentalité, en lien avec le nouveau mode de pensée dominant chez les élites écossaises et bretonnes. La continuité picturale des travaux des celtomanes Jacques Le Brigant et La Tour d’Auvergne.
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Inverness
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Entrance of Glencöe, from Ballahulish
La fugacité des actions humaines face à la puissance inaltérable apparente de la nature
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Island of Staffa
Houle des nuages et des eaux, l’éternel enrochement et l’éphémère légèreté humaine
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Loch Etive
La petitesse de l’homme face à la grandeur majestueuse de la nature : un tableau cosmique comme Caspar David Friedrich décédé dix ans auparavant
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Fall of Inversnaid, Loch Lomond
Un paysage relique, sans intervention ou présence humaine
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Fingal’s cave, view from entrance , Staffa
Quatre variations successives sur le thème de la géométrie naturelle et de la caverne : un clin d’oeil à la pensée pythagoricienne et platonicienne ?
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Clam-Shell cave, Staffa
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Cormorant’s cave, Staffa
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Fingal’s cave, from the interior, Staffa
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Escape of Queen Mary from Lochleven castle
Cette série d’images peut également être interprétée comme une suite d’allusions à la dynastie des Stuarts, comme le montre ce livre qui s’ouvre et se ferme de manière explicite sur deux lieux liés à la tragédie des Stuarts. Première des lithographies le château de Linlithgow, à la fois lieu de naissance en 1542 de Marie Stuart et château dans lequel James Stuart, demi-frère de Marie, est assassiné. La dernière des lithographies relate la fuite de celle qui fut à la fois reine d’Ecosse et reine de France, la reine Marie Stuart déguisée en servante du château où elle était emprisonnée depuis un an.
La lithographie de Turck-Bridge in the Trossacks est peut-être une allusion au rassemblement de lords jacobites ( pro-stuarts) qui s’y étaient réunis pour préparer l’invasion d’une flotte de 30 navires et 6000 hommes de guerre pour le compte de James Stuart, Jacques III, dit le vieux prétendant. Mais la confrontation avec la marine anglaise n’eut jamais lieu, la flotte jacobite ayant fait demi-tour ; ce qui n’empêcha pas les lords ayant participé à cette réunion, d’être poursuivis pour haute trahison. La passe de Glencoe peut aussi être interprétée comme une allusion au massacre du 13 février 1692 d’une centaine de partisans des Stuarts dont 40 femmes et enfants condamnés à mourir de froid dans la neige. Walter Scott relate cet épisode dans un roman La veuve des Highlands paru en 1827, ouvrage que Michel Bouquet, grand amateur de Walter Scott ne pouvait ignorer. Le Dunstaffnage castle tint prisonnière une autre héroïne du mouvement jacobite : Flora Mac Donald. Bass rock est le théâtre d’affrontements entre jacobites qui ont pris le contrôle de la prison établie sur l’île et le pouvoir central anglais.
Michel Bouquet, The Tourist’s Ramble in the Highlands, London, Paris, circa 1850 © Médiathèques de Quimper Bretagne Occidentale
Ce n’est pas par hasard que Michel Bouquet a fait construire sa maison à Roscoff, face à la mer et à l’île de Batz. C’est à Roscoff que débarque Marie Stuart en 1598 à l’âge de 6 ans pour aller vivre 13 ans en France et épouser François II qui régnera un an et demi de juillet 1559 à décembre 1560.
4 Vendre : la déclinaison de ces thématiques spatiales écossaises sur d’autres supports
Inverary on Loch Fyne
Michel Bouquet, Inverary on Loch Fyne, Dessin sur papier brun, mine de plomb rehaussé de blanc, 30x44cm, signé et daté, Ecosse, 1849, © vente Peter Wilson, Nantwich, 2008
Tantallon Castle
Michel Bouquet, Tantallon Castle, Dessin sur papier brun, mine graphite rehaussée de blanc, 31x50cm, 1849, © vente Sulis Fine Art, 2017
Kilmoral Falls
Michel Bouquet, Kilmorach Falls, Dessin sur papier brun, mine graphite rehaussée de blanc, 31x50cm, 1849 © vente ebay 2017
Ce dessin est très intéressant a plusieurs titres. Il nous montre la manière de procéder de Michel Bouquet lorsqu’il n’a pas le temps de terminer sur le vif. Il note l’emplacement et la nature de ce qu’il doit ajouter par la suite le soir dans sa résidence en Ecosse ou plus tard dans son atelier parisien. Il fait mention d’un élément qui l’a fortement intrigué, des femmes lavant du linge avec leurs pieds
Michel Bouquet, Kilmorach Falls, Dessin sur papier brun, mine graphite rehaussée de blanc, 31x50cm, 1849 © vente ebay 2017
ou d’éléments naturels à reproduire plus tard de mémoire
Michel Bouquet, Kilmorach Falls, Dessin sur papier brun, mine graphite rehaussée de blanc, 31x50cm, 1849 © vente ebay 2017
Sa technique de dessin par orientations diverses des coups de crayon, en taille et en intensité, cette dernière pouvant varier lors d’un même trait
Michel Bouquet, Kilmorach Falls, Dessin sur papier brun, mine graphite rehaussée de blanc, 31x50cm, 1849 © vente ebay 2017
Un très beau travail de dégradés pour mettre en valeur les masses forestières et la profondeur de champ
Michel Bouquet, sans titre, Dessin sur papier brun, mine graphite rehaussée de blanc, 31x50cm, 1849 © vente ebay 2017
Lorsque je vis le flux et reflux de la mer
Et les tristes sapins se balancer dans l’air,
Adieu les orangers, les marbres de Carrare !
Mon instinct l’emporta, je redevins barbare,
Et j’oubliai les noms des antiques héros
Pour chanter les combats des loups et des taureaux !
Julien Pélage Auguste Brizeux, Les Bretons, Chant VIII, 1845
1851 Un torrent dans le nord de l’Ecosse, Pastel, Salon de 1851, Oeuvre non retrouvée
1851 Côtes d’Ecosse entre Aberdeen et Piterhead, Pastel, Salon de 1851, Oeuvre non retrouvée
1851 Paysage près d’Edimbourg, Pastel, Salon de 1851, Oeuvre non retrouvée
1851 The Tourist’s Ramble in the Highlands, Scotland, impr. Lemercier, 1851
1852 Une nuit sur le lac Katrine, Pastel, Salon de 1852, n° 155 du livret du Salon, Oeuvre non retrouvée
1861 La Grotte de Fingal, dans l’île de Staffa en Ecosse, Huile sur toile, Salon de 1861, n° 368 du livret du Salon, Commande de l’Etat en 1860 après décision ministérielle du 8 mars 1858 et du 14 mai 1860, Dépôt Musée de Saint-Malo en 1867, Détruit archives nationales AR317971 ; La grotte de Fingal, côtes d’Ecosse, huile sur toile, Identification FH en 1867, Fonds national d’art contemporain ou Saint-Malo, Musée d’histoire et d’ethnographie
1873 ( avant ) Vue d’Ecosse, Peinture sur émail cru stannifère, 22x12cm ; Bouquet d’arbres, d’après une photographie de Gaston, 38x19cm, appartenant à M. Bailly, Paris, Oeuvre non retrouvée
1886 Grotte de Fingal en Ecosse, 100x70cm, Huile sur toile, Salon de 1886, n° 315 du livret du Salon
Grotte de Fingall en Ecosse
Michel Bouquet, Grotte de Fingal en Ecosse, 100x70cm, Huile sur toile, Salon de 1886, n° 315 du livret du Salon © vente Quimper, 15 décembre 2012
Pour assurer la promotion de cette magnifique création artistique, An artist’s ramble in the North of Scotland va faire l’objet d’une promotion étonnante, à l’échelle nationale française, et internationale.
Michel Bouquet va inaugurer un nouveau style de promotion de vente : le reportage écrit accompagné de ses dessins dans un journal à grande diffusion : l’Illustration, qui tire en 1850 à plus de 20 000 exemplaires. Une diffusion accentuée par le fait que de nombreux clubs ou bibliothèques de part et d’autre de la Manche sont abonnés à ce journal.
Michel Bouquet jouera le rôle d’un voyageur qui narre au quotidien ses aventures en Ecosse aux lecteurs, sous forme de lettres que chacun peut prendre comme étant à lui adressées. Belle trouvaille publicitaire que nous allons retrouver dans le chapitre suivant.