30 Les relations de Michel Bouquet avec Edouard et Tristan Corbière
Comment le peintre Michel Bouquet âgé de 53 ans en 1860 au moment où il s’installe à Roscoff pour l’été et le poète Tristan Corbière âgé de 15 ans en 1860 ont-ils pu se rencontrer et nouer une relation durable, de 1863 à 1875, mais ambivalente ?
Par l’intermédiaire du créateur du roman maritime, Edouard Corbière.
En effet, pendant 15 ans Michel Bouquet a fréquenté – et ce de manière intime – la famille Corbière, dont Edouard, le père de Tristan, avait épousé Marie-Angélique-Aspasie Puyo, soeur d’Edmond Puyo, ce dernier étant également un ami de Michel Bouquet.
Dans quelles circonstances Michel Bouquet a -t-il fait connaissance avec son père, Edouard Corbière
1 Michel Bouquet et Edouard Corbière : quatre possibilités de rencontre
Le courant ne pouvait que passer entre les deux hommes. Edouard a beaucoup de points communs avec Michel Bouquet.
Edouard Corbière dans les années 1830
Portrait d’Edouard Corbière 1793 1875, Le Négrier, Aventures de mer, Frontispice, Paris, 1834, Tome 1 © Source gallica.bnf.fr / BnF
C’est un breton, un homme aux mille métiers, un marin, un journaliste et surtout un écrivain, voilà amplement de quoi les rapprocher.
Une très forte personnalité, n’ayant peur de rien. En témoignent ses pamphlets et ses passages devant les tribunaux pour son ironie mordante sous Louis XVIII
Edouard Corbière, Le Dix-neuvième siècle, Satire politique, Paris, 1819 © Source gallica.bnf.fr / BnF
C’est également un homme engagé dans des combats contre l’esclavage qui lui valent l’inimitié de certains milieux marchands portuaires
Une description précise et sans concession de la traite sur les navires embarquant des ports français
Edouard Corbière, Précis sur la traite des noirs, Paris, 1823 © Source gallica.bnf.fr / BnF
Un combat qui débouchera sur l’écriture d’un roman qui le rendra universellement connu : Le Négrier
Edouard Corbière, Le Négrier, Aventures de mer, Paris, 1834, Tome 1 © Source gallica.bnf.fr / BnF
Quand Michel Bouquet rencontre-t-il Edouard Corbière ? Plusieurs possibilités sont à envisager.
2 Michel Bouquet et Edouard Corbière entretiennent des relations avec David d’Angers et sa famille
Première possibilité de rencontre : Edouard connaît le sculpteur David d’Angers père décédé en 1856, Michel Bouquet ayant 49 ans à l’époque de sa disparition. David d’Angers père a créé un médaillon représentant son profil d’Edouard Corbière.
Portrait d’Edouard Corbière par David d’Angers
David d’Angers 1786 1856 , Portrait d’Edouard Corbière, Médaillon, 16,7 cm, signé et daté 1835 © Images-art
Michel Bouquet connaît le fils de David d’Angers, né en 1833. Celui-ci a suivi les traces de son père et a sculpté un buste en marbre de Michel Bouquet pour le Salon de 1877 dont nous n’avons malheureusement pas trouvé trace à ce jour.
« Monsieur Michel Bouquet a reçu de M. David d’Angers un buste savamment modelé. Les joues aux plans nombreux, les temps légèrement écrites modèrent l’expression des yeux et des lèvres, qui portent l’indice de la volonté. » in Henry Jouin, La Sculpture au Salon de 1877, Paris, 1877
Henry Jouin, La Sculpture au Salon de 1877, Paris, 1877 © Source gallica.bnf.fr / BnF
Michel Bouquet lui a offert la même année une de ses créations en faïence au grand feu. C’est un indice supplémentaire en faveur des liens étroits entre David d’Angers et le peintre. Michel Bouquet a donc parfaitement pu rencontrer David d’Angers père chez Edouard Corbière ou inversement.
La faïence offerte par Michel Bouquet à David d’Angers quatre années auparavant
Michel Bouquet, Paysage, A mon ami David d’Angers, 23 x 17 cm, 3 juin 1873 © vente lot 103, Hôtel des Ventes de Cergy-Pontoise, 2015
3 La France maritime 1837
Le second argument, qui est plus convaincant, d’une rencontre entre les deux hommes est leur contribution à La France maritime dans la première édition de 1837 à 1842 d’Amédée Gréhan, qui rappelons-le est né à Lorient tout comme Michel Bouquet.
Amédée Gréhan
Truchelut & Valkman, Portrait d’Amédée Grehan, Photographie positive, 1883 © Source gallica.bnf.fr / BnF
Rédacteur en chef du Journal du Havre à partir de 1826, moment où Michel Bouquet est encore à Lorient, Edouard Corbière va réussir à faire passer cette feuille du statut local à une reconnaissance nationale dans le domaine spécialisé de la marine. Mais il outrepasse rapidement les limites géographiques du Havre en participant à une autre revue, parisienne cette fois-ci, La France Maritime.
Dès 1837 en effet il signe des articles dans La France Maritime aux côtés d’Eugène Sue, un ancien élève de Gudin et à ce titre condisciple de l’apprenti peintre Michel Bouquet.
On retrouve donc Edouard Corbière et Michel Bouquet dans la même revue dirigée par Amédée Gréhan, La France maritime, 1837, vol 2 ; le premier pour ses récits, le second pour ses dessins. Ceci ne veut pas dire que les deux hommes s’y soient physiquement rencontrés, mais il y a de très fortes chances qu’il en soit ainsi, Edouard Corbière étant un marin breton, Michel Bouquet étant fasciné par la mer et la marine dans les années 1830. Dans tous les cas, chacun connaissait les travaux de l’autre.
Edouard Corbière y livre cinq récits ; Naufrage sur la côte de Plouguerneau ( Finistère) , Les corsaires travestis, Tableau nautique : navire fuyant vent arrière, La prière des forbans, La petite goëlette folle, Voeu de deux matelots, Les pilotes de Milford
Edouard Corbière dans la France maritime
Edouard Corbière, La petite goëlette folle, France maritime, 1837 1842, vol.2, pp. 274 275 © Source gallica.bnf.fr / BnF
La signature d’Edouard Corbière
Edouard Corbière, La petite goëlette folle, France maritime, 1837 1842, vol. 2, pp. 274 275 © Source gallica.bnf.fr / BnF
Michel Bouquet y livre des vues de port : le port de Bayonne, en 1836, le port de Cherbourg en 1836, une Vue de Granville en 1837, le port de Dunkerque en 1837, un Boulogne, Vue des bords de la Liane en 1837, le port de Gibraltar en 1841, mais pas celui du Havre.
Le port de Bayonne en 1836
Michel Bouquet, Le port de Bayonne, gravure sur bois ou acier, 13x20cm, La France maritime, 1836 © Collection particulière
Dunkerque en 1837
Michel Bouquet, Dunkerque, La France maritime, gravure sur bois ou acier, 13 x 20 cm, 1837 © Collection particulière
4 Le Havre 1856
Troisième hypothèse, la rencontre eût pu avoir lieu au Havre, puisque Michel Bouquet y fait donner une pièce de théâtre de sa composition en 1856. Michel Bouquet ne ferait pas donner une pièce de son cru sans avoir des relations au niveau local qui lui facilitent un accès aux salles et surtout la certitude d’obtenir une salle bien fournie avec un public choisi. Qui facilite les choses ?
Est-ce Edouard ? Rappelons qu’il a été Rédacteur en chef du Journal du Havre à partir de 1826. S’il est établi à Morlaix depuis 1842, il devient la même année Directeur de la Compagnie des bateaux à vapeur du Havre à Morlaix dont il avait été l’un des fondateurs en 1839 et dont le siège social demeure au Havre.
Bateau de la ligne Morlaix Le havre à quai au port de Morlaix
Le paquebot à bois le Morlaisien, Le Magasin pittoresque, 1843 © Source gallica.bnf.fr / BnF
Pour ces deux raisons Edouard Corbière a dû garder un solide réseau relationnel dans la ville, y ayant dirigé un organe de presse et en tant qu’acteur de l’essor économique de la ville grâce à cette ligne maritime
Un des paquebots de la Compagnie créée par Edouard Corbière
Départ du paquebot du Havre, Morlaix, Carte postale, vers 1890 © Collection particulière
Toujours est-il que Le Courrier du Havre fait de la publicité pour la première création littéraire de Michel Bouquet.
Les premières représentations au théâtre du Havre ont lieu à partir du 4 décembre 1856. La pièce de théâtre de Michel Bouquet est imprimée au Havre: Michel Bouquet, Le loup et le chien, comédie en deux actes et en vers, In-8°, 60 pages, Le Havre, Charpentier et Cie, 1856. Le livret est vendu un franc. Surtout il en est fait un compte-rendu dans Le Courrier du Havre, journal dont Edouard Corbière a longtemps été rédacteur en chef de 1832 à 1842.
Le Loup et le Chien, comédie de Michel Bouquet
Publicité pour La pièce de Michel Bouquet, Le Courrier du Havre, 1856 © Source gallica.bnf.fr / BnF
5 La Société de sauvetage en mer
Gudin et alii
En 1838, c’est la naissance de la Société centrale des naufragés sous l’impulsion d’André Castera, Administrateur de la Marine.
Selon l’article premier de son statut, « Le But de la société est de diminuer le nombre et la gravité des accidents de mer par suite des naufrages et d’en prévenir et adoucir les catastrophes. »
Le président en est Le Marquis de la Rochefoucault-Liancourt, membre de la Chambre des Députés et de la Société de la Morale Chrétienne. On compte parmi ses sociétaires, quelques noms connus : le Baron Jean Antoine Théodore Gudin, peintre de la Marine.
1854 : à la pensée de son frère, alors qu’il eut pu être sauvé par la présence du moindre dispositif de sauvetage, le peintre de la Marine Théodore Gudin propose de fusionner toutes ces sociétés en une seule société centrale. Mais sa proposition en reste là.
Gudin, Phare sur la Côte bretonne, Huile sur toile, 38 x 33 cm, Alte Nationalgalerie Berlin
6 L’association avec la famille Puyo.
En 1844 Corbière se retire à Morlaix. C’est un marin écrivain chef d’entreprise, qui témoigne d’une grande intelligence, souple et ouverte sur des mondes très divers. Par exemple Baudin capitaine qui bombarde Saint-Jean d’Ulloa et Corbière ont leurs noms gravés sur la colonne de Juillet et Bouquet avec d’autres peintres sous la direction de Gudin est chargé de représenter
Michel Bouquet, Léon Morel-Fatio, Adolphe-Hippolyte Couveley, Alphée de Regny, Théodore Gudin, Prise du fort de Saint-Jean d’Ulloa, Mexique, 2 novembre 1838, Huile sur toile, 151 x 227 cm, Salon de 1839, n° 963 du salon © images-art.fr, Château de Versailles et du Trianon, Photographie Hervé Lewandowski
Sa réputation est celle d’un homme extrêmement sympathique et d’une grande modestie. Il aimait la solitude : Roscoff est pour lui un refuge pour oublier un peu les contraintes de sa charge et les solliciteurs de tout poil.
Edouard Corbière est un libéral à forte personnalité, n’ayant pas hésité à risquer ses finances et sa liberté pour ses opinions. Et la valeur principale aux yeux de Michel Bouquet est la Liberté comme il le souligne dans son poème ci-dessous
D’ailleurs est-il quelqu’un sur la machine ronde
De plus riche que moi ? Les vrais biens de ce monde
Je les ai tous ici : bon appétit, santé,
Gaité, repos, et puis avant tout Liberté.
Des bonheurs d’ici-bas le plus digne d’envie.
Liberté ! Comme l’air, nécessaire à ma vie !
Michel Bouquet, Le château de Kérouzéré, 1884
Et surtout comme Michel Bouquet, c’est un entrepreneur – un self-made man – à qui tout réussit.
Edouard Corbière ne se contente pas de vivre de sa plume, mais s’engage pleinement dans l’aventure entrepreneuriale maritime en devenant armateur, après avoir été un authentique corsaire, un journaliste au Havre où il a pu rencontrer Michel Bouquet dans bien des occasions.
Dès 1839 il crée la Compagnie des paquebots à vapeur du Finistère qui assure une ligne régulière entre Le Havre et Morlaix, prolongée jusqu’à Brest en 1855.
De par ces fonctions et cette réussite qui booste le développement du commerce morlaisien, il connaît très bien la famille Puyo – il est associé avec Joachim Puyo – qui n’hésite pas à l’intégrer dans le clan familial en lui permettant d’épouser à Brest en 1844 une très belle jeune fille de 18 ans alors qu’il en a 51, trente-trois années d’écart. Il faut dire que ce n’est pas le seul cas dans cette famille puisque Le Bris 49 ans avait épousé cinq ans auparavant sa soeur Marie-Emilie Puyo 17 ans, trente-deux années d’écart. Les femmes Puyo sont de devoir.
Marie-Emilie Puyo épouse Le Bris © Marthe Le Clech, François Yven, Tristan Corbière, La métamorphose du crapaud, Morlaix 1995
Marie-Angélique-Aspasie Puyo épouse Corbière © Marthe Le Clech, François Yven, Tristan Corbière, La métamorphose du crapaud, Morlaix 1995
Surtout elles font partie comme toutes les femmes de la haute bourgeoisie ou de l’aristocratie du XIXème siècle – ainsi que les classes moyennes ou paupérisées, le schéma marxiste ne fonctionnant pas dans ce domaine – de pièces sur l’échiquier de la domination économique politique et financière.
Et l’entité économique qu’est cette famille est une pleine réussite. Joachim Puyo donne ainsi le nom d’Edouard Corbière – de son vivant – au brick-goélette qui lui appartenait signe de l’admiration que Joachim éprouvait pour Edouard.
Un notable très riche comme les aime Michel Bouquet puisque la succession d’Edouard Corbière s’élève en 1876 à près de 700 000 francs, dont des immeubles comme le 38 quai Léon et le 15 quai Tréguier tous deux à Morlaix, la villa de Roscoff, le château de Roc’h ar Brini et la ferme de Kernabat.
Le 38 quai Léon à Morlaix, une des maisons d’Edouard Corbière
© Google earth
Edouard Corbière dans les années 1860
Edouard Corbière, Photographie format carte de visite, 90 x 52 mm, Studio Gustave Croissant, Paris, s.d. © vente lot 31, Drouot Rossini, 2013
Après son mariage, Edouard loge quelque temps au château de Coat-Congar, construit en 1832 par son beau-père Joachim Puyo, où sa jeune épouse va accoucher de Tristan, propriété où Michel Bouquet sera reçu par la suite et dont il contribuera à décorer l’intérieur.
Le château de Coat-Congar, lieu de naissance de Tristan Corbière
Château de Coat-Congard, Carte postale, vers 1900 © Collection particulière
Château de Roc’h ar brini
Château de Roc’h ar brini, Carte postale, vers 1900 © Collection particulière
Pour comparaison, une ouvrière gagne dans les années 1870 un franc par jour, soit 360 francs par an et encore c’est à Paris, et non dans une petite ville de province périphérique comme Morlaix où les revenus sont encore plus bas. Le poète maudit Tristan Corbière est tout, sauf un fils de pauvre.
Malgré tout on à peine à croire à la facétie de Tristan Corbière qui faisait manger à son chien des louis d’or dans de la pâtée devant les pauvres de Roscoff. Quel signe plus manifeste de mépris cela signifie-t-il pour les déshérités, alors que les femmes de cette famille sont pleinement engagées dans l’aide aux pauvres et aux déshérités de toute nature, voir le Chapitre 25 Les réseaux : la haute bourgeoisie et l’aristocratie bretonne.
Edouard Corbière est un notable puissant comme les aime Michel Bouquet, un homme de pouvoir également membre du conseil municipal de la ville en 1855, et en 1860 – l’année où Michel Bouquet achète sa maison à Roscoff – vice-président de la chambre de commerce de Morlaix en 1861, et enfin président en 1868, faisant ainsi de sa signature une graphie décisionnelle qui vaut de l’or.
Si Edouard Corbière et sa belle-famille contrôlent le domaine économique morlaisien, son beau-frère Edmond Puyo contrôle l’espace politique en devenant maire de la ville.
La famille d’Edouard Corbière réside essentiellement à Morlaix, qui à partir des années 1860 est en pleine transformation urbaine.
La rue des nobles en 1857
Furne, Tournier, La rue des Nobles, Morlaix, Photographie stéréoscopique sur support carton, 1857 © Musée départemental breton
La place des Halles en 1857
Furne, Tournier, La place des Halles, Morlaix, Photographie stéréoscopique sur support carton, 1857 © Musée départemental breton
L’arrivée de la modernité ferroviaire à Morlaix bouleverse la ville et la met en liaison régulière avec Paris
Construction du viaduc de Morlaix, Photographie positive, 1864 © Musée de Bretagne
16 Les relations Corbiere après la construction de son chalet.
Et les Corbière ainsi que les Puyo sont de remarquables investisseurs dans le domaine immobilier
Maison de Puyo
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Mais Corbière s’il est un homme très riche qui, comme Michel Bouquet, n’oublie pas les pauvres surtout les marins dont il a fait partie comme le souligne l’officier de marine, journaliste, romancier de la mer Gabriel de la Landelle dans l’éloge posthume qu’il prononce lors de l’enterrement d’Edouard Corbière en 1875.
« Une intelligence supérieure, un philanthrope, un homme bienveillant et charitable. Une plume de peintre de marine, croyant en rien, croyant tout »
Michel Bouquet est souvent invité par Edouard Corbière et sa femme, dans l’intimité de de leur château à Morlaix ou de leurs maisons à Morlaix ou à Roscoff.
Edouard Corbière, Photographie format carte postale 135 x 97 mm, Studio Fontaine, successeur de Gustave Le Gray, Paris, s.d. © vente lot 31, Drouot Rossini, 2013
Si Edouard Corbière lui achète une toile en 1866, dès 1864 Michel Bouquet lui avait offert une peinture.
Côte rocheuse, Peinture offerte par Michel Bouquet à Edouard Corbière
Michel Bouquet, Côte rocheuse, Huile sur toile, 60 x 77 cm, signée en bas à gauche et dédicacée à Edouard Corbière, 7 décembre 1866 © vente Morlaix 2018
Trente années auparavant José-Maria de Heredia avait écrit dans la revue La Bruyère un poème intitulé Bretagne
L’hiver a défleuri la lande et le courtil.
Tout est mort. Sur la roche uniformément grise
Où la lame sans fin de l’Atlantique brise,
Le pétale fané pend au dernier pistil.
Une de ces invitations est racontée par Tristan Corbière lui-même en mai 1869 – il n’a pas encore 24 ans – accompagnée d’un dessin de sa main. Il s’agit d’un dîner où Michel Bouquet – alors âgé de 60 ans – avait été invité par Edouard Corbière pour fêter la Saint-Jean, mais celle-ci ayant lieu le 24 juin, on ne peut qu’être intrigué. De quelle Saint-Jean Tristan Corbière veut-il parler ? Comme la lettre a été expédiée selon le calendrier de 1869 un samedi, et que l’on fête Saint-Jean le lundi de Pentecôte, il peut s’agir de la relation d’un évènement qui aurait eu lieu une quinzaine de jours auparavant, le dimanche 16 ou le lundi 17 mai.
Cette scène a lieu au domicile des parents, Edouard et Aspasie, mais où ? Au château de Roc’h ar Brini à Morlaix ou place de l’Eglise à Roscoff ? Plusieurs indices font pencher en faveur de la dernière hypothèse.
Les invités Michel Bouquet et Bonnet ainsi que la femme et l’enfant de ce dernier venaient de Saint-Pol.
Tristan Corbière relève la détestation réciproque entre les deux hommes : « Bouquet et Bonnet s’étant déjà la veille aimé plein la voiture de St Pol ». Seuls les parents de Tristan, Edouard et Aspasie, sont présents, aucun autre Puyo. Dans cette même lettre Tristan Corbière annonce que Michel Bouquet et lui doivent aller jeudi à Morlaix, c’est donc qu’ils n’y sont pas, et enfin Tristan a envoyé sa lettre de Roscoff.
Ajoutons que le lendemain même Bonnet comptait aller chez Bouquet pour lui présenter son fils, et que venir de Morlaix à Roscoff est un trop long voyage à l’époque, alors que s’il habitait à Roscoff, Bonnet n’avait que la place à traverser, s’il logeait chez les Corbière, ou 100 mètres à faire à pied s’il logeait aux Bains de Mer chez Gad, ce qui semble plus probable.
Edouard Corbière meurt à 82 ans, quelques mois après le décès de son fils Tristan. Quelles sont les relations entre Bouquet et Tristan Corbière ?