9 Utiliser le contexte géopolitique pour viser les classes moyennes supérieures, les classes aisées nouvelles et les milieux politiques : Reporter d’images dans le journal l’Illustration des années 1840
Michel Bouquet va accepter de fournir une partie des dessins réalisés en Moldo-Valachie pour le journal L’Illustration. Il s’agira en fait d’en faire réaliser des gravures sur bois par l’artiste lui-même ou par les ouvriers graveurs du journal. L’objectif étant qu’elles devront s’insérer le plus parfaitement possible dans le texte en fournissant des sujets où selon l’enchâssement dans la page, ces images tireront soit vers l’horizontalité ou la verticalité. Le titre du journal, L’Illustration résume tout son programme. L’objectif est d’inciter les lecteurs à lire le texte à partir d’images attractives.
Le but de Michel Bouquet est toujours de toucher le plus de monde possible, et ici à des dizaines de milliers d’exemplaires. Un choix judicieux. Le journal L’Illustration deviendra le premier titre de presse français dans les années 1900 pour devenir le premier mondial dans les années 1930. Et lorsque les copies des dessins de Michel Bouquet seront visibles par tous dans l’hebdomadaire lors de la parution des numéros d’août 1848, les ventes du journal étaient à leur apogée, près de 30 000 exemplaires. Une magnifique vitrine pour les oeuvres de Michel Bouquet.
1 Une opinion française sensibilisée au sort des populations moldo-valaques
Le peintre va ici utiliser le contexte géopolitique pour viser les classes moyennes supérieures et les classes aisées libérales ainsi que les milieux politiques. La Moldo-Valachie regarde à cette époque vers la France, symbole de la liberté des peuples. L’épouse du consul de France déclare en 1806 que « Les dames de Jassy ne portent plus le costume national et cherchent à imiter la mode française. » La Grèce et la Serbie se libèrent en 1820 de l’occupation ottomane. Les idées de la révolution française et l’image d’une Grèce libérée du joug turco-musulman en 1830 vont fortement influencer les milieux Moldo-valaques.
Citons Michelet « Comment appellerais-je la Roumanie, les Valaques et les Moldaves ? La nation sacrifiée. » La France regarde la Roumanie, dont la langue est d’origine latine, comme un membre de sa famille. « La Roumanie, c’est une âme soeur qui fait d’elle pour nous une nation soeur » dit le Comte de Saint-Aulaire in Ludmila Cabac, Université d’Etat alcu Russo, Balti, L’influence française dans les pays roumains au XIXe siècle, La Francopolyphonie, Langues et identités, Cisinau, Ulim, 23-24 mars 2007, pp. 140-147.
La géostratégie de la France vise à empêcher le tsar de Russie de s’emparer du Détroit de Constantinople et d’avoir un pied en mer Méditerranée. Pour cela il s’agit d’empêcher le redoutable Nicolas Ier de se rendre définitivement maître des futurs territoires moldo-valaques délivrés des musulmans turcs et de promouvoir ceux-ci en régimes politiques indépendants. On retrouve cette orientation politique dans l’article où sont insérés les dessins de Michel Bouquet. Malgré lui ou avec son accord, ses images sont utilisées dans un but précis de géopolitique internationale.
« L’Europe pourra-t-elle enfin consentir à la longue à ce que le tsar continue à être ainsi par son protectorat armé vis-à-vis d’elle d’affaires à double tranchant ? Car brouiller les affaires à Bucarest, à Jassy et à Belgrade, puis y vouloir remédier ensuite par l’envoi de cosaques qui, en passant le Pruth, troublent la paix du monde, serait vraiment, par le temps qui court, une politique par trop osée et par trop machiavélique ». A Billecoq, Album Moldo-Valaque, 1848.
Michel Bouquet a dû entendre parler de Billecocq, voire le rencontrer à Constantinople, où ce dernier avait été un temps secrétaire d’ambassade. C’est peut être avec lui que les modalités de son séjour en Moldavie-Valachie ont été décidées. Celui-ci connaissait la langue valaque et tout ce qui compte dans le pays en termes de pouvoirs et de richesse. C’est donc un homme précieux qui a fait ouvrir bien des portes à Michel Bouquet et a pu de temps en temps l’accompagner dans ses pérégrinations dans les principautés Moldo-valaques. Mais c’est aussi une très forte personnalité qui ne se contente pas de représenter les intérêts français, mais veut aussi être pour les moldaves un point appui pour la promotion de la liberté et de la nationalité dans ces principautés. C’est dans ce contexte qu’il ambitionne d’écrire un nouvel Album valaque avec l’aide de deux dessinateurs que sont Michel Bouquet et Charles Doussault.
2 Des articles éminemment politiques en faveur de l’aide à l’indépendance des principautés moldo-valaques
Un premier article dans L’illustration précédé d’une introduction très révélatrice de l’orientation donnée par Billecocq
« Monsieur C., député à Paris, le 15 février 1848
Monsieur,
Permettez-moi de compléter et de clore aujourd’hui tous les travaux importants que vous m’avez autorisé à vous remettre depuis six semaines sur les principautés du Danube en faisant passer sous vos yeux un album dû au crayon d’un de mes amis, Monsieur Michel Bouquet, artiste des plus distingués. Ce charmant album, dont quelques dessins ont déjà été publiés chez Messieurs Vibert et Goupil, éditeurs à Paris, aura le mérite de vous conduire au milieu de ces localités auquel vous voulez bien accorder tant de sympathies politiques. Recevez, etc.
Album Moldo-valaque.
Aux lecteurs français. Ce ne sont pas seulement des images que nous mettons aujourd’hui sous les yeux du public ! Notre but est plus grave, il est plus important. Il consiste à donner encore, en temps utile, une très sérieuse leçon d’histoire, de géographie et de politique. »
3 Premier article paru dans l’Illustration du samedi 5 août 1848
« Oui, cette publication à selon nous, la plus haute portée. Dans un temps où l’art a à peu près illustré tout ce qui était de son domaine, nous voulons nous, illustrer jusqu’à nos lecteurs.
En leur inspirant inspirant, au lendemain de l’incorporation de Cracovie, la volonté, de préserver désormais une politique osée et envahissante entre parenthèses par l’Autriche-Hongrie et de la Russie, de vastes et riches provinces sur l’importance et l’étendue territoriale desquels, après avoir parcouru cet album, personne en France ne pourra arguer, de la confusion qui entoure leur situation générale.
Qu’on le sache donc bien une bonne fois pour toute, et pour ne plus oublier, il y a en Europe près de 9 millions de valaques, ayant la même mère que nous, par leurs idiomes latins, et se reconnaissant entre eux au nom de Roumouns c’est-à-dire de Roumains.
C’est d’eux, pressés, menacés par la même politique qui partagea un jour la Pologne, et qui déjà les a décimés par des incorporations successives, que nous voulons parler. »
Costumes valaques et tziganes, femmes
Michel Bouquet, L’Illustration, samedi 5 août 1848 © Bibliothèque bretonne, Abbaye de Landévennec
Costumes valaques et tziganes, hommes
Michel Bouquet, L’Illustration, samedi 5 août 1848 © Bibliothèque bretonne, Abbaye de Landévennec
« Devons-nous souligner, et c’est à peine croyable que l’Atlas de Lesage enseigne depuis l’année 1806 aux élèves de lycée et collège que la Valachie et la Moldavie ont été conquises par l’empereur Alexandre et incorporée à l’empire de Russie ! Il n’en est pas ainsi jusqu’à aujourd’hui, grâce en soit rendue à Dieu !
Parler de ces provinces, parler des intéressantes populations qui les habitent, placer sous les yeux du public plus de 40 dessins capitaux, qui confiés aux plus célèbres artistes, met en lumière les richesses du présent, la mémoire du passé, les espérances de l’avenir dans ces contrées abondantes et fertiles, c’est inspirer nous le savons, le désir de leur tendre une main amie.
En attendant il s’agit de combattre de grands desseins par de tout petits dessins, ce qui nous a paru être une guerre du meilleur goût. Nous avons osé croiser nos crayons avec la plume des Congrès. Et enseigner en amusant, amuser en illustrant, ne pouvait manquer d’être en France un attrait certain. Ecrit au Château de ville, Eure-et-Loir, septembre 1847. »
Restes de la tour de l’empereur Septime-Sévère et du pont de Trajan sur le Danube
Michel Bouquet, L’Illustration, samedi 5 août 1848 © Bibliothèque bretonne, Abbaye de Landévennec
Les Moldo-Valaques descendent des soldats des légions romaines. La tour de Séverin érigée par l’ordre de l’empereur Septime sévère et élevée au lieu même où les Romains conduits par Trajan traversèrent le Danube. Auprès des derniers vestiges du pont romain on retrouve des voies romaines, ces voies lactées de l’histoire de notre planète, qui après de deux mille ans marient encore à la Rome chrétienne le souvenir des peuples que la Croix devait consoler du malheur d’avoir était vaincus ( par les Turcs musulmans).
La steppe
Michel Bouquet, L’Illustration, samedi 5 août 1848 © Bibliothèque bretonne, Abbaye de Landévennec
« La steppe est la route depuis le quatrième jusqu’au XVIIe siècle de toutes les grandes migrations humaines qui les ont parcourues et suivies. Il sera un jour au coeur d’un conflit européen le lieu où se livrera la bataille. Là en effet, est une mère de terre, un océan de steppe ou l’agriculture n’entrave pas la marche des canons. C’est là le chemin successivement suivi par chacune des grandes nation conquérante : Attila, Gengis-Khan, Tamerlan, Bajazet, Mahomet IV y passèrent. chaque étape hier encore marquée par les tumulus de l’invasion des Goths et des Huns.
Tous ces peuples ont laissé partout leur empreinte et la langue valaque, immense caravansérail des langues, est un curieux rendez-vous des dialectes sanskrits, arabe, russe, grecque, germanique, turque, latin.
Etrange spectacle que de voir laisser en jachère les terrains les plus admirablement fertiles de l’Europe que de voir tant de familles allemandes, anglaises, françaises même, transporter péniblement leurs pénates au Texas, à Montevideo, en Californie,en Nouvelle-Zélande, plutôt que de venir à ces champs danubiens où l’épi rapporte en année commune 80 fois sa valeur ! »
Michel Bouquet, L’Illustration, samedi 5 août 1848 © Bibliothèque bretonne, Abbaye de Landévennec
« Quel est hélas, par ce ciel si doux, par ce ciel si pur, ce nuage noir et épais qui tout à coup se montre à l’horizon ? C’est une invasion de sauterelles ! 10 années ne se passent jamais sans que les récoltes ne soient exposées à ce fléau du ciel ! Un bruit effroyable annonce leur rapproche, et si les cris des habitants des villes et des campagnes ne s’y opposent pas, quelques heures suffisent à leur marche dévastatrice pour que là où elles se sont abattues tout soit détruit.
Cette sauterelle, surpassant de plus du double en grosseur celles de nos contrées, prend naissance dans les plaines désertes de l’Asie et du centre de l’Afrique. Quand elle a ravagé une contrée, elle émigre vers une autre.
Ces cruels insectes devenus dans le pays valaque la terreur des habitants y voyage dans une telle quantité que là où leur vol s’abat, on a remarqué que, accumulés les uns sur les autres, ils s’élèvent à parfois plus d’un pied et demi du sol ! Les plus gros arbres ploient et rompent sous leur poids avant que leur feuillage ait disparu. Les invasions de sauterelles et les tremblements de terre sont les deux fléaux auxquels les principautés Moldo-Valaques sont le plus régulièrement exposées. »
Ruines du château de Tirgowist, ancienne capitale de la Valachie
Michel Bouquet, L’Illustration, samedi 5 août 1848 © Bibliothèque bretonne, Abbaye de Landévennec
Tirgowist resta longtemps comme capitale la résidence des princes roumains.
4 Second article paru dans l’Illustration du samedi 12 août 1848
C’est là le Rubicon de l’histoire politique contemporaine ! Passer ce fleuve, ce serait de la part de la Russie le complément le plus hardi de tout ce qu’elle osé jusqu’à ce jour.
Une vue des bords du Pruth
Michel Bouquet, L’Illustration, samedi 12 août 1848 © Bibliothèque bretonne, Abbaye de Landévennec
De 1396 à 1774 les Valaques et les Moldaves de religion chrétienne orthodoxe ont vécu sous la suzeraineté de la porte Ottomane mulsulmane. En 1774 les Russes posent les bases de leur protectorat religieux et politique sur les principautés de Valachie et de Moldavie. Aucune des puissances européennes ne reconnaît ces états. La stratégie de ces derniers est de bloquer l’armée russe derrière la rive gauche du Pruth.
Michel Bouquet, L’Illustration, samedi 12 août 1848 © Bibliothèque bretonne, Abbaye de Landévennec
Le Pruth est la ligne stratégique sur laquelle se font face à face sur chaque bord du fleuve les armées russes et moldo-valaques, voire austro-hongroises. Michel Bouquet a ici bénéficié d’importantes protections lui permettant en zone militaire sensible d’y exercer ses talents de dessinateur et faveur suprême, d’y être même autorisé à croquer les évolutions de la cavalerie et de l’infanterie. On retrouve cette même approche pour la capitale de la Moldavie, Jassy, où la présence de nombreuses troupes indique bien les tensions géopolitiques dans cette zone.
La ville de Jassy, capitale de la principauté de Moldavie
Michel Bouquet, L’Illustration, samedi 12 août 1848 © Bibliothèque bretonne, Abbaye de Landévennec
« Cette belle cité est donc aujourd’hui aujourd’hui, par le fait du protectorat russe sur les principautés moldo-valaque, le premier lieu d’étape des troupes de l’absolutisme et des aristocraties européennes, quand un jour il sera décidé qu’elles doivent se mettre en marche contre les soldats des démocraties régulières. Le moldave sait qu’il dort sur un dépôt, sa vie est celle d’une sentinelle avancée et admirablement dévouée. »
La Panagia, sommet des Carpathes Moldaves
Michel Bouquet, L’Illustration, samedi 12 août 1848 © Bibliothèque bretonne, Abbaye de Landévennec
« C’est le nom de la vierge toute sainte que des descendants des romains ont donné au plus haut sommet des Carpathes moldaves. Le voyageur, monté par un beau jour sur cette crête riante et accessible, bien qu’élevé de plus de 2400 mètres, voit au-dessous de lui les pics gigantesques des nombreuses montagnes qui l’environnent comme autant de vagues d’une mer de pierres, d’un océan à l’onduleuse immobilité. Les légendes ne manquent pas dans cette région mélangeant les héros du Moyen Âge avec les héros romains. Un peu plus bas que le sommet se trouve une aiguille prodigieuse de pierre découpée et dans laquelle les paysans veulent absolument voir une maîtresse infidèle de Trajan, Doka, changée en rocher. »
Forteresse de Niamzo
Michel Bouquet, L’Illustration, samedi 12 août 1848 © Bibliothèque bretonne, Abbaye de Landévennec
« L’apparition des Turcs Seldjoukides, la forteresse de Niamzo construite comme un nid d’aigle au sommet d’un rocher à peu près inaccessible est ce que la chrétienté eut à leur opposer. L’histoire raconte qu’Étienne le Grand, Prince de la Moldavie venant chercher un refuge après une bataille perdue contre Bajazet, en fut repoussée par sa mère qui, suivi de ses femmes lui en fit fermer les portes en prenant le ciel à témoin qu’elle ne se rouvrirait que devant son fils vainqueurs des Turcs. Cette conduite valut aux Moldo-Valaques la victoire de Niamzo dans laquelle 10 000 soldats chrétiens bâtirent 70 000 musulmans. Son fils offrit à Bajazet, moyennant tribut de devenir le suzerain et le protecteur de la riche principauté de Moldavie. Bajazet consentit et la Valachie imita bientôt l’exemple de la Moldavie. Le lien de vassalité qui unissait les moldaves et les valaques à la porte ottomane ne résultait que d’un contrat proposé par eux-mêmes. »
Monastère de Niamzo
Michel Bouquet, L’Illustration, samedi 12 août 1848 © Bibliothèque bretonne, Abbaye de Landévennec
La plupart des établissements religieux de Moldavie relèvent des grands couvents du Mont Athos, de la romaine, du Saint-Sépulcre de Jérusalem et des Saints Lieux. Leur fondation est presque toujours due à des legs faits en faveur des pauvres, des voyageurs et des pèlerins. On calcule que les monastères et les immenses terres qui en dépendent couvrent aujourd’hui à peu près la cinquième partie du territoire moldo-valaque. Chaque voyageur quel que soit son pays, sa religion, sa condition est toujours accueilli avec bonté et gratuitement hébergé pendant trois jours après lesquels il doit continuer sa route. Ainsi sans jamais avoir connu d’autres abris que le toit hospitalier des couvents, on peut traverser toute la Moldo-valachie, à défaut complet d’auberges ou d’hôtellerie ».
Bien sûr, les dessins de Michel Bouquet, avec des graveurs professionnels payés à l’heure et non à la tâche comme les artistes, et destinés à un journal de grande diffusion à la recherche des coûts de production les plus bas possibles, ne paraissent pas d’une grande qualité. Ils nous semblent même être d’une banalité et d’une réalisation affligeantes.
Mais quand on a la chance de disposer des originaux, croqués sur le terrain, en plein air, il n’en est pas tout à fait de même. Nous présenterons les agrandissements en balayant le dessin de gauche à droite. Signe d’un talent supérieur, chaque agrandissement est un dessin dans le dessin.
C’est le cas pour la représentation du monastère de Néamt, construit au XIVème siècle, tout au nord de la Roumanie, à plus de 200 kilomètres de Bucarest et à 30 kilomètres à l’est de Jassy. Il est magnifiquement situé dans l’arc des Carpathes, et comme il sied pour un monastère, dans un lieu désert, au fond d’une vallée.
Localisation du Monastère de Néamt, Photographie satellitale, avril 2019 © Google earth
Monastère de Néamt en 1840 par Michel Bouquet
Michel Bouquet, Vue du monastère de Niamzo ou Neamso dans les Carpathes en Moldavie, crayon, lavis, sépia, encre de Chine, rehauts de blanc, 275 x 435 mm, 1839-1840 © Bibliothèque centrale universitaire Lucian Braga, Cluj, Roumanie
Procédons à l’agrandissement de ce dessin
Une claie en bois couverte, un pope, des tonneaux
Michel Bouquet, Vue du monastère de Niamzo ou Neamso dans les Carpathes en Moldavie, crayon, lavis, sépia, encre de Chine, rehauts de blanc, 275 x 435 mm, 1839-1840 © Bibliothèque centrale universitaire Lucian Braga, Cluj, Roumanie
Espace d’accueil
Michel Bouquet, Vue du monastère de Niamzo ou Neamso dans les Carpathes en Moldavie, crayon, lavis, sépia, encre de Chine, rehauts de blanc, 275x435mm, 1839-1840 © Bibliothèque centrale universitaire Lucian Braga, Cluj, Roumanie
Course de nuages, conversation des toits, rendus des volumes
Michel Bouquet, Vue du monastère de Niamzo ou Neamso dans les Carpathes en Moldavie, crayon, lavis, sépia, encre de Chine, rehauts de blanc, 275 x 435 mm, 1839-1840 © Bibliothèque centrale universitaire Lucian Braga, Cluj, Roumanie
Elevation vers le divin, la terre répond au ciel
Michel Bouquet, Vue du monastère de Niamzo ou Neamso dans les Carpathes en Moldavie, crayon, lavis, sépia, encre de Chine, rehauts de blanc, 275 x 435 mm, 1839-1840 © Bibliothèque centrale universitaire Lucian Braga, Cluj, Roumanie
Conversation de moines sur les coursives en bois
Michel Bouquet, Vue du monastère de Niamzo ou Neamso dans les Carpathes en Moldavie, crayon, lavis, sépia, encre de Chine, rehauts de blanc, 275 x 435 mm, 1839-1840 © Bibliothèque centrale universitaire Lucian Braga, Cluj, Roumanie
Moines en grande discussion dans la cour d’accueil et sous le porche d’entrée du monastère
Michel Bouquet, Vue du monastère de Niamzo ou Neamso dans les Carpathes en Moldavie, crayon, lavis, sépia, encre de Chine, rehauts de blanc, 275 x 435 mm, 1839-1840 © Bibliothèque centrale universitaire Lucian Braga, Cluj, Roumanie
Lignes légèrement obliques du sol, alternance de vides et de pleins, ombre et lumière, déhanchement des bâtiments créant l’illusion de la profondeur
Michel Bouquet, Vue du monastère de Niamzo ou Neamso dans les Carpathes en Moldavie, crayon, lavis, sépia, encre de Chine, rehauts de blanc, 275 x 435 mm, 1839-1840 © Bibliothèque centrale universitaire Lucian Braga, Cluj, Roumanie
Danse des toits et des cheminées, rendu de textures des différents matériaux, bois, tuiles, pierre, enduits, grâce au crayonnage et à la maîtrise des jeux de lumière
Michel Bouquet, Vue du monastère de Niamzo ou Neamso dans les Carpathes en Moldavie, crayon, lavis, sépia, encre de Chine, rehauts de blanc, 275 x 435 mm, 1839-1840 © Bibliothèque centrale universitaire Lucian Braga, Cluj, Roumanie
Une composition dans la composition, bois et plantes s’enlacent
Michel Bouquet, Vue du monastère de Niamzo ou Neamso dans les Carpathes en Moldavie, crayon, lavis, sépia, encre de Chine, rehauts de blanc, 275 x 435 mm, 1839-1840 © Bibliothèque centrale universitaire Lucian Braga, Cluj, Roumanie
5 Troisième article paru dans l’Illustration du samedi 2 septembre 1848
Dorobantz, District de Romanatz, Tirgorochs, Slatins
Michel Bouquet, L’Illustration, samedi 2 septembre 1848 © Bibliothèque bretonne, Abbaye de Landévennec
« Son costume national, moitié polonais, moitié turc, rappelle au premier coup d’œil que si parfois on le vit s’endormir bercé par les doux rêves de l’Orient, son cœur au réveil n’en était pas moins prêt à battre, toujours revêtu de l’habit militaire des plus intrépides parmi les guerriers chrétiens.
La Russie depuis 120 ans n’a cessé démontrer une âpreté particulièrement étudiée à l’égard des peuples et des nations qui ont entouré son berceau. Parmi ces peuples il y avait les Polonais, les Lettons, et les Moldo-Valaques »
Dorobantz
Michel Bouquet, Galerie royale des costumes © Bibliothèque centrale universitaire Lucian Braga, Cluj, Roumanie
Le Dorobantz est un ancien paysan-soldat. Son nom, d’origine suédoise, annonce qu’il aussi combattu dans les rangs des soldats de Charles XII. Le mot Dorobantz est selon les linguistes une altération de l’appellation guerrière des Trabant suédois, tirant leur nom du verbe travail, ici aller au au combat. Guerriers par l’usage de la force, parfois bandits par désoeuvrement ou par manque de solde, lorsque Michel Bouquet arrive en Roumanie, les Dorobantz sont utilisés par les aristocrates pour faire rentrer les impôts, participer à des opérations de police ou composer l’escorte des consuls des pays européens. C’est le cas de Billecoq, dont Michel Bouquet a bénéficié. Les Dorobantz sont présents sur de nombreux dessins de l’artiste.
Politiquement ces articles font partie d’un ensemble qui vise à préparer la population française aux interventions militaires de Napoléon III, ce qui débouchera en 1853 sur la guerre de Crimée, dont on souligne peu qu’elle résulte d’une invasion russe de la Moldavie-Valachie, qui vise toujours – la géopolitique obéit toujours à la géographie – à contrôler les détroits et à posséder une porte d’entrée en Méditerranée, ce que l’Angleterre et la France ne peuvent accepter.
Ces articles parus dans l’Illustration cinq années avant le début de la guerre, accompagnés des dessins de Michel Bouquet, lui ouvrent un nouveau créneau de visibilité auprès des publics européens, d’Europe de l’Ouest et d’Europe centrale.
Il en profite pour faire la promotion de ses nouveaux ouvrages pour bibliophiles fortunés, mais cette fois-ci consacrés à l’Ecosse, et qui paraîtront simultanément en France chez Goupil and Cie, 19 Boulevard Montmartre et 12 rue d’Enghien à Paris en 1849 ; plus tard chez Ghiaut Frères, 3 Boulevard des Italiens, toujours à Paris en 1850, et en Grande-Bretagne, chez Ackerman § Co, London, 1849, puis chez P. and Dom Colnaghi, Past Mall East, London.
Pourquoi diable est-il parti en Ecosse ?