Bouquet 20 Durer ! Amplifier les succès initiaux rencontrés par ses peintures sur faïence dans les années 1870-1880 Partie 1

 

 

Bouquet 20  Durer !  Amplifier les succès initiaux rencontrés par ses peintures sur faïence dans les années 1870-1880   Partie 1

 

Let us not forget that Michel Bouquet began to paint under Charles X in 1827, and exhibited for the first time under King Louis-Philippe in 1834. In the 1870s and 1880s, those of the Third Republic, society and tastes of the buying public have evolved considerably.

And yet he is still there, always appreciated by the public, selling his pictorial creations which allow him to live very comfortably in Paris and Roscoff.

Michel Bouquet's choice of reconversion in a pictorial niche which he had considered more profitable in terms of income turns out to be the right one: "The ceramists are in the movement. It is that they respond to a real need of our time, and to its demands for exterior and interior ornamentation which torment everything that deals with the question of housing. "

The journalist also welcomes the modernity of the movement

"It would never have occurred to a faience maker of that time to treat glazed earth like canvas and wood, and to paint a real picture on the earthenware plate he is going to put in the oven. But we are in the century of innovation and daring. Also, our ceramists approach the enamel with brushes, that they do not hesitate to entrust to the betrayals of great fire a figure, a landscape, or a subject of kind. »Le Constitutionnel, journal of commerce, politics, liberal, July 2, 1870

And what does Ernest Feydeau tell us in the Revue internationale de l'art et de la curiosité in 1870?

"Here is the open physiognomy of Mr. Michel Bouquet, the happy ceramist to whom his love for all the adventures of raw enamel melting over a large fire, has given a new lease of life.

A living portrait of an artist, surprised in all his joyful and sympathetic maturity ". Michel Bouquet was then 63 years old, an age where nowadays everyone is thinking of retiring.

N’oublions pas que Michel Bouquet a commencé à peindre sous Charles X en 1827, et exposé pour la première fois sous le roi Louis-Philippe en 1834. Dans les années 1870 et 1880, celles de la Troisième République, la société et les goûts du public acheteur ont considérablement évolué.

Et pourtant il est toujours là, toujours apprécié par le public, vendant ses créations picturales qui lui permettent de vivre très confortablement à Paris et à Roscoff.

Le choix de reconversion de Michel Bouquet sur un créneau pictural qu’il avait estimé plus porteur en termes de revenus s’avère être le bon : « Les céramistes sont dans le mouvement. C’est qu’ils répondent à un besoin véritable de notre époque, et à ses exigences d’ornementations extérieures et intérieures qui tourmentent tout ce qui s’occupe de la question d’habitation ».

Le journaliste salue également la modernité du mouvement

« Jamais il ne serait venu à la pensée d’un faïencier de ce temps là de traiter la terre émaillée comme la toile et le bois, et de peindre un véritable tableau sur la plaque de faïence qu’il va mettre au four. Mais nous sommes dans le siècle des nouveautés et des audaces. Aussi, nos céramistes abordent-ils l’émail avec des pinceaux, qu’ils n’hésitent point à confier aux trahisons de grand feu une figure, un paysage, ou un sujet de genre. » Le Constitutionnel, journal du commerce, politique, libéral, 2 juillet 1870

Et que nous dit Ernest Feydeau dans la Revue internationale de l’art et de la curiosité en 1870 ?

« Voici la physionomie ouverte de M. Michel Bouquet, l’heureux céramiste à qui son amour pour toutes les aventures de l’émail cru fondant au grand feu, a refait une seconde jeunesse.

Un vivant portrait d’artiste, surpris dans toute sa joyeuse et sympathique maturité ». Michel Bouquet est alors âgé de 63 ans, un âge où de nos jours tout le monde songe à prendre sa retraite.

 

Portrait de Michel Bouquet

Jaroslaw Cermak,1831-1878, Portrait de Michel Bouquet, huile sur toile, 47 x 60 cm, signé et daté en bas à droite, oeuvre de la collection personnelle de Michel Bouquet achetée en 1895 par la municipalité de Lorient, 1869 © Réserves, Musée municipal de la Ville de Lorient, inv. n° 83

 

Michel Bouquet connaît alors la gloire : celle d’être reconnu comme chef de file d’un courant artistique nouveau.

« M. Michel Bouquet est un de ceux que l’on peut ranger parmi les promoteurs du mouvement. Il a été un des premiers à marcher dans cette voie, et l’on peut dire que personne n’est allé plus loin que lui ». Le Constitutionnel, Journal du commerce, politique et littéraire, 2 juillet 1870

Michel Bouquet connaît alors la gloire, celle de rentrer de son vivant dans le musée de céramique de Limoges : « Dans les salles du musée, je vois des faïences hispano-mauresques, des carreaux persans, d’Urbino, de Faënza, des Rouen, des Moustiers, des Nevers, des Delft.

En faisant retour, je trouve des faïences de Minton, des frères Deck, de M. Michel Bouquet, le service de Bracquemond, des pâtes rapportées de Wegwood ». Ecoles et musée céramique de Limoges, Gazette des Beaux-arts .

Ironie de l’histoire, c’est Philippe Burty qui signe l’article, étant obligé de citer Bouquet, qu’il avait crucifié en 1863.

Michel Bouquet connaît alors la gloire, celle de rentrer de son vivant dans le musée des Arts décoratifs, au palais des Champs-Elysées : « De nombreux aristocrates prêtent des objets au musée pour son inauguration le 10 avril 1880. Messieurs Deck et Michel Bouquet avaient envoyé des morceaux importants de céramiques. Puis Michel Bouquet a fait don au Musée des arts décoratifs d’une peinture sur faïence émaillée » in Philippe de Chennevières, Revue des arts décoratifs, avril 1881, p. 8 1880.

Jules Noriac dans Paris tel qu’il est, Calmann-Levy, 1884. p. 277 souligne « Qui disait donc, je vous prie, que l’esprit se perdait en France ? Michel Bouquet, le peintre que vous savez, est un artiste de grande valeur, fort estimé de ses confrères. Ces admirables plaques peintes sur émail cru lui ont valu une réputation universelle. L’Angleterre le flatte, l’Amérique lui sourit, la Russie lui fait des avances et la Hollande l’adopterait volontiers ».

Michel Bouquet connaît alors la gloire, celle de figurer de son vivant dans les collections de musées anglaises, américaines, russes, australiennes.

Mais il sait pour la fréquenter depuis 1835 combien la gloire est éphémère, et se pose pour lui de manière lancinante une question dans les années 1870 et 1880. Comment durer ?

 

Oui, comment durer ?

1 Acquérir une maîtrise technique qui fait de vous un maître reconnu à l’échelle européenne

2 Embrasser le secteur de la publicité dans les journaux

3 Rester visible dans le champ médiatique : soigner ses relations avec la presse

4 Bénéficier d’un soutien de choix en la personne de Paul Casimir Périer, frère du futur Président de la République

5 Exposer systématiquement au Salon de Paris

6 Continuer à participer au mouvement de la modernité industrielle en exposant au Palais de l’Industrie : un Beau bien Utile

7 Saturer les espaces d’exposition commerciale du réseau des galeries artistiques

8 Participer aux nouvelles techniques de vente hors-salon  : les expositions éphémères

 

 

1 Acquérir une maîtrise technique qui fait de vous un maître reconnu à l’échelle européenne

 

1 Quelles nouvelles avancées de la part de Michel Bouquet sur le plan technique entre les années 1860 et les années 1870/1880 ?

11 Un changement dans la composition des plaques ?

Il nous faudrait procéder à une analyse chimique des matériaux employés, elle reste à faire.

1870

Michel Bouquet, Paysage de vallée avec rochers plongeant vers la mer, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 32 x 50 cm, 1878 © Manufacture de Sèvres, MNC 7279

Michel Bouquet, Paysage de vallée avec rochers plongeant vers la mer, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 32 x 50 cm, 1878 © Manufacture de Sèvres, MNC 7279

1871 Marine en Hollande

Michel Bouquet, Marais de Keremma, 1871 Vente Brest, 12 décembre 2017

1875 A Biskra

 

12 Sur le plan de l’emploi des oxydes, on constate peu d’évolution entre les écrits de Brongniart et ceux de Théodore Deck

Comparons Brongniart 1844 et Deck 1887

BRONGNIART 1844 DECK 1887
1 Matières colorantes : oxydes simples
Oxyde de chrome Oui Oui
Oxyde de fer Oui Oui
Oxyde d’urane Oui Oui
Oxyde de manganèse Oui Oui
Oxyde de zinc Oui Oui
Oxyde de cobalt Oui Oui
Oxyde d’antimoine Oui Oui
Oxyde de cuivre Oui Oui
Oxyde d’étain Oui Oui
Oxyde d’irridium Oui
2 Matières colorantes : oxydes salifiés ou mêlés de matières terreuses
Chromate de fer Oui Oui
Chromate de baryte Oui Oui
Chromate de plomb Oui Oui
Chlorure d’argent Oui Oui
Pourpre de Cassius Oui Oui
Terre d’ombre Oui Oui
terre de Sienne Oui Oui
Ocres rouges et jaunes Oui Oui

 

Seul l’oxyde d’irridium s’ajoute à la liste de Brongniart. Mais ce dernier avait déjà mentionné cet oxyde dans son Traité des arts céramiques de 1844 en soulignant ses effets de gris et de noirs.  Ajoutons à cela que le chef d’entreprise qu’est Deck n’a peut-être pas envie de donner ses secrets de fabrication et d’ajouter ses nouvelles découvertes aux anciennes utilisations..

 

13 Comment continuer à attirer le public ?  élargir la palette des possibilités techniques de ce nouveau matériau pictural

 

Comment fait-il pour obtenir un tel effet de brouillard à partir d’un émail poudreux sur lequel il dépose des oxydes ?

Michel Bouquet, Vaches dans un pré, Peinture  sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 20 x 30 cm, s.d. © vente, Amiens, 1999

 

Brouillards, montez ! Versez vos cendres monotones
Avec de longs haillons de brume dans les cieux
Qui noiera le marais livide des automnes
Et bâtissez un grand plafond silencieux!

Stéphane Mallarmé, Vers et proses, 1893

 

14 Attirer les regards par la virtuosité : une maîtrise extraordinaire de la main

En  1871 il est en pleine maturité de son art, ce chemin creux dans un forêt est éblouissant de maîtrise. Ici on peut parler d’émail atmosphérique. Les sous-bois sont humides et légèrement brumeux, la terre de l’étroit sentier forestier est détrempée, des lierres plein de fraîcheur s’élancent à l’assaut des troncs perlants d’eau, le silence règne et les deux pies picorent en toute sérénité

 

Sous-bois brumeux, rendez-nous les échos de nos aïeux

Michel Bouquet, Paysage de forêt, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 50 x 35 cm, 1871  © vente Maynards, Canada, Vancouver,  27 mars 2012

 

15 Attirer les regards par une composition moderne, où les premiers plans sont plus élevés que les arrières-plans

 

Dans les plis du vallon vert, toujours nous attend la mer

Michel Bouquet, Paysage de vallée avec rochers plongeant vers la mer, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 32 x 50 cm, 1878 © images-art, Manufacture de Sèvres, MNC 7279

 

Une faïence achetée par la manufacture de Sèvres

Paiement de 300 francs à Michel Bouquet pour Paysage de vallée avec rochers plongeant vers la mer, 9 juin 1878 © Archives de la manufacture de Sèvres

 

2 Embrasser le secteur de la publicité dans les journaux

Tout comme Sarah Bernhardt, Michel Bouquet a parfaitement compris les règles de la vente publicitaire pour un marché de masse. Un exemple parmi d’autres :  les 16 et 17 décembre 1876 , les faïences Rudhart lui consacrent un espace publicitaire dans un journal quotidien, politique et littéraire, Le Temps. L’affiche mentionne Grand feu, peintes sur émail cru, Architecture, Pièces, Oeuvres de Michel Bouquet, 1 rue Halévy. Il proposerait donc aussi des travaux qui s’inscriraient dans l’architecture d’une maison. C’est ce qu’il avait fait avec ses plaques de faïence sous forme ovale pour intégration dans l’architecture de la salle à manger du duc de Montebello , puis avec ses plaques intégrées dans des boiseries de bois confectionnées spécialement à cette occasion pour le cabinet des dames du transatlantique Princesse Eugénie, et dans des meubles d’intérieur de luxe à l’Exposition internationale de Paris en 1878.

 

Le Temps, 1876 © Source gallica.bnf.fr / BnF

 

Le Figaro, 1877 © Source gallica.bnf.fr / BnF

 

Le Rappel, 1879 © Source gallica.bnf.fr / BnF

 

Journal Officiel de la République française © Source gallica.bnf.fr / BnF

 

Des articles qui ne sont que des publicités déguisées, des incitations à aller voir.

Il est cité dans le journal Le Rappel du 13 mai 1879 pour un Paysage, Peinture sur émail cru dans le cadre d’un reportage sur le salon de 1879

« Nous donnons nos notes sommaires de première impression. Parmi les ouvrages qui, après les portraits et les tableaux d’histoire que nous avons cité hier, captiveront les yeux et la pensée du public, nous citons parmi les peintures sur faïence et sur autres matières : Fabre, La dîme, émail cru ; Michel Bouquet, Paysage, émail cru ».

La même année dans L’Univers illustré « Salon, nous montons au premier étage du palais pour accorder un coup d’œil rapide à ses œuvres que nul ne regarde, etc. critique, qui sont l’espoir suprême des graveurs, etc. Injustice blessante me direz-vous. Je partage votre avis. Mais il n’est au pouvoir d’aucun de nous de placer des gardiens la porte d’entrée pour crier aux visiteurs : « Ne négligez pas les pastels ! Allez tout droit aux faïences ! » Ces choses-là ne se commandent pas. Pourtant Monsieur Michel Bouquet, célèbre peintre sur émail, ne serait pas je suppose, indigne d’une minute d’attention ». L’Univers illustré, juillet 1879

 

3 Soigner ses relations avec la presse

Les relations de Michel Bouquet avec le milieu journalistique sont très étroites. Elles lui garantissent au accès au grand public, une plus grande visibilité dans le monde artistique et dans celui des acheteurs potentiels.

Le 26 novembre 1880 s’ouvre l’Exposition de La Presse. Créé par Emile de Girardin en 1831, c’est un des premiers journaux véritablement populaires. Son orientation politique est fluctuante, mais l’orientation dominante est conservatrice. Y collaborent des personnages qui connaissent bien Michel Bouquet : Alexandre Dumas, Théophile Gautier qui y tient une rubrique consacrée à l’art. Victor Hugo et Gérard de Nerval ont également signé des articles dans ce journal. Des romanciers n’hésitent pas dans le milieu du XIXe siècle à y publier des extraits de leurs œuvres : Balzac, Le curé de village ; Lamartine ses Confidences ; George Sand, Histoire de ma vie. C’est aussi dans ce journal qu’on assiste à la grande vogue des romans qui paraissent sous forme de feuilletons, afin de fidéliser le public : Alexandre Dumas y a rédigé les épisodes successifs de La San Felice.

Que dit le journaliste qui rend compte de l’inauguration de cette exposition ?

« De Michel Bouquet, celui que depuis longtemps déjà, nous saluons comme le maître des peintres céramistes contemporains, nous avons la bonne fortune de pouvoir montrer à nos amis deux tableaux très variés comme tonalité et comme aspect. Ils sont peints tous deux sur émail cru, d’un pinceau sûr de lui, plein de vigueur et d’éclat. L’un de ces tableaux représente les bords d’une rivière coulant entre ses rives fleuries, dans un site agreste plein de fraîcheur et de poésie. L’autre, les Côtes de Bretagne par un gros temps. La mer soulevée, le ciel orageux, l’atmosphère saturée de l’embrun de la vague marine, tout cela est rendu par Monsieur Michel Bouquet avec la justesse et la puissance d’un véritable artiste.

Monsieur Michel Bouquet, qui est un ami, nous traite en amis, et à ses deux jolis tableaux sur faïence il a joint deux feuilles de papier bristol, dont chacune est couverte de 19 cartes de visites qui sont autant de petits tableaux à l’encre de Chine, dont l’élégance, la distinction et la finesse de liens ne laisse rien à désirer que d’en être le possesseur… » Louis Enault, La Presse, 26 novembre 1880.

 

Atelier Nadar, Louis Enault, Photographie positive sur papier albuminé, d’après négatif sur verre, 8,5 x 5,8 cm après 1850 ©  Source gallica.bnf.fr / BnF

 

Une excellente stratégie utilisée par Michel Bouquet auprès des journalistes :  un produit, un gratuit, un placement, une publicité, le tout anglicisé aujourd’hui sous le nom de marketing

Cours d’eau

Michel Bouquet, Cours d’eau, Lavis d’encre sur bristol, 7,8 x 12,5 cm, signé en bas à droite, daté au dos et dédicacé, Ancienne collection Monsieur et Madame Haraux, amis du peintre, 1882 © vente Bayeux enchères, 2 avril 2018

Sous-bois

Michel Bouquet, Sous-bois, Lavis d’encre sur bristol, 11,2 x 8 cm, signé en bas gauche, daté au dos, Ancienne collection Monsieur et Madame Haraux, amis du peintre, 1880 © vente Bayeux enchères, 2 avril 2018

 

Côte de Bretagne

Michel Bouquet, Côte de Bretagne, Lavis sur bristol, 5,2 x 9 cm , signé en bas à gauche, titré au dos, Ancienne collection Monsieur et Madame Haraux, amis du peintre, s.d. © vente Bayeux enchères, 2 avril 2018

 

Barque sur la Tamise

Michel Bouquet, Barque sur la Tamise, Lavis sur bristol, 5,2 x 9 cm, titré au dos, signé en bas à droite, Ancienne collection Monsieur et Madame Haraux, amis du peintre, s.d. © vente Bayeux enchères, 2 avril 2018

 

Paysage à l’étang

Michel Bouquet, Paysage à l’étang, Lavis d’encre sur bristol, 7,3 x 11,5 cm, signé à droite, daté au dos, Ancienne collection Monsieur et Madame Haraux, amis du peintre, 1880  © vente Bayeux enchères, 2 avril 2018

 

Un milieu dans lequel il se meut avec facilité comme le montre cet article du 10 mars 1882 :

« Le comité du cercle de La Presse a fêté hier dans un dîner intime présidé par M. Auguste Vitu, trois de ses membres récemment promus au grade d’officier de la Légion d’honneur, MM. Edouard Detaille, 34 ans, Alphonse de Neuville », 47 ans, un ancien mousse lorientais, dont la vie est un roman

 

Parmi les convives présents, citons au hasard MM. Michel Bouquet, artiste céramiste distingué, 65 ans

Bayard et Bertall, Portrait de Michel Bouquet, épreuve sur papier albuminé à partir d’un négatif verre, contrecollée sur papier canson, 10x6cm, avant 1866 © images-art.fr, Musée d’Orsay; Michel Bouquet, Michel Bouquet, Paysage de bord de rivière, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 31 x 51 cm, signée et datée, 1874 © vente, Galerie Kerkamak

 

Falguière, peintre et sculpteur, 51 ans

Nadar, Alexandre Falguiere, Photographie, tirage de démonstration s.d. ©  Source gallica.bnf.fr / BnF ; Alexandre Falguiere, Vainqueur au combat de coqs, 1864 © Photographie Didier Descouens, Toulouse, 2013

 

Alfred Stevens, le peintre des femmes, mais aussi un artiste qui enseignait à un atelier de femmes les secrets de l’utilisation du dessin et des couleurs, 59 ans

Robert Jefferson Bingham, Portrait d’Alfred Stevens, Photographie sur papier albuminé, après 1850 © Source gallica.bnf.fr / BnF ; Alfred Stevens, Dans le studio, Huile sur toile, 106.7 x 135.9 cm (42 x 53 1/2 in.), 1888 © Metropolitan Museum, New York

 

Bastien Lepage, le peintre des humbles lorrains et de Jeanne d’Arc, 34 ans

Dagron, Portrait de Bastien Lepage, Photographie, tirage sur papier albuminé, 9,2 x 5,6 cm, entre 1870 et 1890, © images-art.fr ; Jules Bastien Lepage, Jeanne d’Arc, Huile sur toile, 254 x 279 cm, 1879 © Metropolitan Museum of Art, New York

 

Jean Béraud, le peintre du Paris de la Belle époque, 32 ans

Nadar, Jean Béraud, Photographie, épreuve argentique contrecollée sur carton, 7 x 4 cm vers 1880  © images-art.fr, Photographie Gérard Blot ; Jean Béraud, After the Misdeed, Huile sur toile, 38 x 46 cm, 1889 © Tate Gallery’s Collection of Modern Art, London

Edouard Pail, le peintre des couleurs chaudes, 31 ans

Anonyme, Portrait d’Edouard Pail, Photographie, s.d. © oniros.fr ; Edouard Pail, Chemin de campagne aux bruyères, Huile sur toile, signée en bas à droite, 33 x 46 cm © vente lot 75, Aguttes, 27 février 2014

 

Coquelin aîné, acteur célèbre sur les planches parisiennes, 41 ans

Napoleon Sarony, Portrait de Coquelin aîné dans Les Précieuses ridicules de Molière, 1888  © New York Public Library ; Raimundo de Madrazo y Garreta, Portrait en pied de Constant Coquelin l’aîné dans le rôle de Don César de Bazan du Ruy Blas de Victor Hugo, Huile sur toile, 201 x 78 cm, 1879 © vente, Sotheby

 

Arcos, Santiago, Jean Aubert,

Luis Ricardo Falero, duc de Labranzano, le peintre par excellence des corps féminins et de la conception masculine de la femme dans cette seconde moitié du XIXème siècle, 32 ans

Luis Ricardo FALERO, Le vin Ginguet, Le vin de Tokai, Huiles sur toile, 47,5 x 64 cm, s.d. © vente lot 78, Ader, 16 décembre 2016

 

Giovanni Boldini, le peintre des toilettes masculines et féminines de la high upper class, 40 ans

Giovanni Boldini, Le comte Robert de Montesquiou, Huile sur toile, 115 x 82 cm, 1897  © images-art.fr ; Giovanni Boldini, Jeune femme au chapeau à plumes, Aquarelle , 313 x 342 cm, s.d. © images-art.fr

 

Mario Uchard, homme de lettres, célèbre pour son duel épistolaire et judiciaire avec Victorien Sardou sur la notion de propriété littéraire, 58 ans

 

Nadar, Mario Uchard à la lumière électrique, Photographie positive sur papier salé, 22,6 x 16,8 cm, vers 1869 © Source gallica.bnf.fr / BnF ; Victorien Sardou, Mes plagiats ! Réplique à Mario Uchard, Paris, 1882 © Source gallica.bnf.fr / BnF ;  Claude Monet, Mario Uchard, D’après une photographie d’Etienne Carjat, Crayon graphite sur papier, 32 x 24 cm, Référence number 1933.891, non signé, entre 1857 et 1860 © Art institute of Chicago

 

L’extraordinaire pianiste et professeur au conservatoire Louis Diemer, 39 ans

Atelier Nadar, Portrait de M. Diemer, Photographie positive sur papier albuminé, d’après négatif sur verre, 22,3 x 16,2 cm, avant 1890 ©  Source gallica.bnf.fr / BnF ; Louis Diemer, Valse extraite de la sérénade pour instruments à cordes de P. Tschaïkowsky, op. 48, transcrite pour le piano, Edition Mackar, 1888 ©  Source gallica.bnf.fr / BnF ; Louis Diemer jouant la valse chromatique de Godard en 1906

 

Victorin de Joncières, compositeur et critique musical français, 43 ans

Anonyme, Victorin de Joncières, Photographie, 12,5 x 8,5 cm, s.d. © Source gallica.bnf.fr / BnF ;  Victorin de Joncières, Ouverture de Dimitri, Opéra en cinq actes,  Livret, 1876 © Source gallica.bnf.fr / BnF

 

Le peintre orientaliste Georges de Dramard, 44 ans

Edmond Bénard, Georges de Dramard dans son appartement, Photographie, épreuve sur papier albuminé, 19 x 26,5 cm, avant 1890 © vente lot 38, Estim nation Paris, 28 septembre 2013 ; Georges de Dramard, Tunisiens en conversation, Huile sur toile, 55 x 33 cm, s.d. © vente lot 113,  Drouot, 20 mai 2011

 

Richard O’Monroy, 33 ans

Joseph Uzanne, Portrait de Richard O’Monroy, Figures contemporaines tirées de l’Album Mariani, Librairie Henri Floury, Paris, vol V, 1900 © Source gallica.bnf.fr / BnF ; Richard O’Monroy, Les femmes des autres, Calmann Lévy, 1879 © Source gallica.bnf.fr / BnF

 

Dans ce cadre réservé à quelques happy few, Michel Bouquet est considéré comme un invité de marque  et côtoie comme il l’a toujours aimé le faire depuis 1830 la nouvelle génération d’artistes, qu’ils soient peintres, musiciens ou écrivains.

Dans le cadre des relations avec la presse, Michel Bouquet est efficace. Ses expositions font l’objet de relations dans différents journaux et revues. On peut citer pour la période Le Gaulois, Le Temps, Le Rappel, La Semaine des familles, Le Petit parisien, Le Pays,  Journal des volontés de la France, le Journal officiel de la République française, la Lanterne, le Constitutionnel, Journal du commerce, politique et littéraire, Gil Blas, Journal des débats politiques et littéraires, Le Matin, La Presse, La Liberté, La Justice, Le XIXème siècle, L’Univers, Le Figaro, L’Univers illustré, L’Intransigeant, Le Cri du peuple, The New York Herald, European edition, etc.

Pour durer, il lui faut figurer dans les comptes-rendus des revues artistiques. C’est le cas dans La Revue artistique et littéraire, le Bulletin de l’Union des arts, la Revue des Beaux-arts, la Revue des Beaux-arts appliqués à l’industrie, les Annales de la Société libre des beaux-arts, Le Courrier de l’Art, La Gazette littéraire et artistique, la Chronique des arts et de la curiosité, le Supplément à la Gazette des Beaux-Arts , l’Union des arts, nouvelles des beaux-arts, des lettres et des théâtres, l’Almanach de la littérature, du théâtre et des Beaux-arts, l’Art en province, la Correspondance littéraire : critique, beaux-arts, édition, la Revue des arts décoratifs, la Revue intenationale de l’art et de la curiosité, etc.

D’autres articles concernant Michel Bouquet paraissent dans les ouvrages consacrés aux compte-rendus des diverses expositions comme Albert Patin de la Fizelière, Memento du Salon de peinture, de gravure et de scupture en 1875, indiquant les oeuvres les plus remarquables exposées au Palais de l’Industrie, Paris, Librairie des Bibliophiles, 1875, etc.

Nadar,  Albert Patin de la Fiselière, Caricature, Dessin au fusain rehaussé de gouache, sur papier brun, 23,1 x 15,1 cm, après 1850 © Source gallica.bnf.fr / BnF

 

Sa célébrité fait qu’il se retrouve de son vivant dans les dictionnaires, comme celui de Pierre Larousse, Le Grand Dictionnaire universel du XIXème siècle, paru entre 1866 et 1877 ou celui d’ Émile Bellier de La Chavignerie et de Louis Auvray, le Dictionnaire général des artistes de l’École française depuis l’origine des arts du dessin jusqu’à nos jours : architectes, peintres, sculpteurs, graveurs et lithographes, Paris, 1882

Émile Bellier de La Chavignerie, Louis Auvray, le Dictionnaire général des artistes de l’École française depuis l’origine des arts du dessin jusqu’à nos jours : architectes, peintres, sculpteurs, graveurs et lithographes, Paris, 1882 © Source gallica.bnf.fr / BnF

 

 

4 Bénéficier d’un soutien de choix en la personne de Paul Casimir Périer, frère du futur Président de la République

Paul Casimir Périer, l’arrière petit-fils d’un des fondateurs de la Banque de France, le petit-fils d’un chef de gouvernement sous Louis-Philippe en 1831, le fils d’un ministre dans le gouvernement Thiers de 1871 à 1873, lui-même banquier et futur député de la gauche républicaine sous la Troisième république, fait un vibrant éloge des travaux de Michel Bouquet dans sa critique d’art Propos d’art à l’occasion du salon de 1869, p. 277-288

 

Paul Casimir-Périer, Propos d’art du Salon de 1869, Revue du Salon, -Paris, Lévy, 1869 © Source gallica.bnf.fr / BnF

 

« Une fort bonne marine, par Michel Bouquet, Marée basse, est placée trop haut pour qu’on puisse l’apprécier à son aise. Beaucoup d’éclat et de bonne lumière, de la vérité dans les détails, un bon sentiment marin, voilà bien le signalement d’un peintre matelot, pêcheur et bourgeois de Roscoff, ayant son pignon et sa digue à même les grands et sauvages enrochements de mer qui bordent la baie de Morlaix. Au surplus, je voudrais bien pouvoir attaquer cet emploi des rares et multiples aptitudes que Michel Bouquet tient à son service. Il serait dommage de le voir se détourner peu ou prou de l’art considérable et nouveau dont il est l’incontestable et incontesté créateur.

Un seul, entendez bien, un seul, et, par cela seul aussi, plus fort et plus hardi, plus méritant et plus illustre un jour, avait tenté d’importer en céramique le paysage nature. On vit alors, ce que des progrès incessants nous font mieux voir encore aujourd’hui, c’est-à-dire de quel haut intérêt cette glorieuse conquête dans l’art céramique est pour l’art universel.

L’attention du monde artistique s’était vivement portée sur les extraordinaires paysages et marines peints par Monsieur Michel Bouquet sur faïence émaillée. Comme tous les artistes, sans exception, Monsieur Bouquet est soumis, quant au mérite ordinaire de la peinture, à tous les caprices du jugement de la foule, comme à la discussion de tous amateurs et critiques.

Mais refuser à ces travaux céramiques, en tant que peinture proprement dite – et le procédé mis hors de cause – un rang des plus distingués, ce serait une injustice pure à mon sens.

J’y trouve même à certains égards de certaines vertus – nées du procédé pour un peu, je crois – qu’aucune main ne saurait donner à la peinture à l’huile.

Mais revenons à la spécialité technique de celle de Monsieur Bouquet. Ce qu’il faut admirer, honorer plus encore, c’est à quel haut degré d’avancement il a conduit son art, par le ton et par la façon, sur la voie d’un bon réalisme, dans la représentation des choses de la terre et du ciel. Cet art, jusqu’à lui maintenu par défaut de moyens ou par faiblesse de goûts dans les aigreurs, ou dans la chlorose d’un badigeonnage offensant.

 

Michel Bouquet, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Achat par Paul Casimir-Périer et don à la Ville de Lorient © Réserves, Musée municipal de Lorient

 

Ce que l’artiste a dû dépenser de courage et de persévérance, de temps et de recherche, celui-là seul peut le comprendre qui sait les données et les moyens du travail, qui sait par exemple :

Que l’on peint sur cru, c’est-à-dire sur une épaisseur d’un demi-centimètre de pâte sèche, blanche et mate ;  un mélange d’oxyde de plomb et d’étain, de sable, et d’un peu de sel marin, de minium et de soude.

Que cette pâte est pulvérulente, s’attache au doigt et que tout y fait tache.

Que les couleurs sur les poudres métalliques, qui n’ont au moment de l’emploi, rien absolument de commun par la nuance, avec ce qu’elles seront après la cuisson.

Qu’il faut peindre du premier coup, sans retouche possible, et qu’on avait pu seulement tracer d’abord librement les contours du dessin, le trait, au moyen d’une couleur végétale que le feu volatilisera.

Que la pièce préparée de la sorte exige, pour sa cuisson le plus grand feu de four et doit y subir une chaleur énorme pendant au moins 36 heures.

Qu’elle y est confondue le plus souvent avec la faïence à poêle, ordinaire.

Qu’un léger excès de plus ou de moins, dans l’opération, rend l’image archi-violente, ou la laisse absolument fade.

Et qu’enfin, dans l’état actuel des moyens de cuisson, matière ardue si ce n’est obscure à la plus haute science, une foule d’accidents de surface tels que : gerçures, coulage, écaillage, bouillons, sucés, ponctuage, trous et coque d’oeufs, sans parler des cas de brisures, condamnent l’artiste à perdre à peu près la moitié des pièces ornées par lui de ses meilleures peintures, avec les soins les plus minutieux.

Tourtin, Portrait de Paul-Casimir Périer, député, sénateur de la Seine-Inférieure, Le Panthéon de l’industrie, 29 mai 1887 © Source gallica.bnf.fr / BnF

 

Monsieur Bouquet a tout étudié, matériaux, moyens, départs de ton, chances et degrés de fusion, accidents ou bonheurs. On comprend maintenant qu’il ait été jusqu’ici le seul à cette grande entreprise.

Car il faut savoir que les neufs dixièmes des produits que l’on croit appartenir à ce genre sont obtenus à petit feu dans des conditions infiniment plus simples, et qu’on n’en voit d’ailleurs aucun de sérieux, en fait de paysages.

Il ne fallait pas moins qu’une vocation, qu’un génie spécial, que la sainte passion artistique, pour conduire un homme de plus de cinquante ans alors, d’un talent déjà fait, un peintre, un dessinateur, déjà couvert de chevrons, à de pareils labeurs, à travers tant de hasards et de déceptions.

C’est donc là, je le répète un courageux, un noble, un grand exemple ! C’est là un caractère, une figure, un homme !

 

Marée montante, Vaches s’abreuvant, Une des merveilles du Musée municipal de Lorient

Michel Bouquet, Marée montante, Vaches s’abreuvant, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 30 x 49 cm, signé en bas à gauche, Achat par Paul Casimir-Périer et don à la Ville de Lorient  © Réserves, inv. n° 62, Musée municipal de Lorient

 

Ces résultats dépassent de cent coudées tout ce qui s’est jamais fait d’analogue. Au XVIe siècle, dans l’ère suprême de la majolique, et plus tard au XVIIIe, quand vers 1775, après une longue décadence, l’art eut un réel accès de vie dans les fabriques d’Urbino, il n’y a jamais eu que des informités à peine qualifiables du nom de quasi-paysages. Le plus souvent ils sont odieux à tout œil harmoniste, par les crudités ou par la lymphe du coloris.

Les fabriques de Delft, en Hollande, ont aussi produit des peintures sur cru, paysages ou marines, quelques-unes, les petites, sont polychromes. Mais les grandes, inférieures encore de taille à celles de Monsieur Bouquet, sont monochromes et presque toujours en camaïeu bleu, sans effet aucun ; un trait, d’un dessin naïf et d’une perspective enfantine.

Ainsi, Monsieur Michel Bouquet est le premier qui, par la couleur et par l’effet, non moins que par la vérité, par la sincérité de la composition, ait obtenu des paysages nature, sur faïence émaillée, cuite au grand feu de four, c’est-à-dire de véritables œuvres d’art, comme toutes les autres, mais absolument inaltérables à toujours, indestructibles par toute autre cause qu’une chute violente ou qu’un coup de marteau.

Toutefois il est encore loin de se croire parvenu là où il veut et là où il pense qu’on peut aller. Qui sait ?

C’est un beau titre, et c’est un grand honneur qui lui permet de se passer des autres.

Les deux cadres de Monsieur Michel Bouquet se voient, l’un dans la salle des noyés du salon, tout au bout des dessins : Les quatre saisons numéro 2549, le second sur le palier du grand escalier, Paysage en Savoie, numéro 2550″.

 

5 Exposer systématiquement au Salon de Paris

 

1870 Marée basse, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1870, Oeuvre non retrouvée in Dictionnaire 1882

1870 Paysage le soir, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 24 x 36 cm, faïence au grand feu, Salon de 1870, Oeuvre non retrouvée, une des plus remarquables productions de cet artiste selon Demmin dans le Catalogue du Musée des arts Dictionnaire des industries

« Aujourd’hui que nos céramistes ont une salle, qu’ils occupent fort bien, et où le public ne manque jamais d’aller les voir, nous avons vu dans nos diverses expositions des paysages signés de Michel Bouquet, qui avaient tout de véritables tableaux à l’huile ; les arbres avaient la même légèreté, les terrains la même souplesse onduleuse, et l’eau la même fluidité.

Ce sont ces précieuses qualités que je retrouve cette année dans le petit tableau intitulé Le Soir, et celui que l’auteur appelle la Marée basse, où tous les phénomènes qui accompagnent la retraite de la vague marine sont fidèlement reproduits ». Le Constitutionnel, Journal du commerce, politique et littéraire, 2 juillet 1870

 

En 1871, pas de Salon, au vu des évènements

Adolphe Glock, Hôtel de ville de Paris, Ruines après les combats et l’incendie, Photographie, 1871 © Paul Getty Museum, Californie

 

Adolphe Glock, Hôtel de ville de Paris, Parisiens devant les ruines après les combats et l’incendie, Photographie, 1871 © Paul Getty Museum, Californie

 

Les lettres par ballon monté que Michel Bouquet attend à Roscoff et dont se moque Tristan Corbière sont envoyées de Paris assiégé

Puvis de Chavannes, La ville de Paris investie confie à l’air son appel à la France, gravure, 1870 © Source gallica.bnf.fr / BnF

 

Lettre envoyée par ballon monté à Lorient

Général Renaut, Lettre pour Etretat, puis Loriant par ballon monté, départ rue de Palestro, Paris 6-10 décembre 1870, cachet d’arrivée à Lorient, 25 décembre 1870 © vente, Paris, 2019

 

1872 Marée basse, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1872, n° 190 du livret du Salon, Oeuvre non retrouvée

1872 Soleil levant dans le brouillard, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1872, n° 191 du livret du Salon, Oeuvre non retrouvée

« Monsieur Michel Bouquet est toujours maître dans son art particulier : sa Marée basse et son Soleil levant sur faïence valent ses meilleurs ouvrages ». Jules Claretie, Peintres et sculpteurs contemporains, L’art français en 1872, p. 291

 

1873 Barques de la Tamise, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1873, n° 159 du livret du Salon Appartient à M.A. Périer, Oeuvre non retrouvée

« Ses barques sur la Tamise sont surprenantes d’exécution ; il est arrivé à des résultats étonnants, inespérés, de tons et d’harmonie » Jules Claretie

1873 Intérieur de forêt, Peinture sur émail cru stannifère, Salon de 1873, n° 160 du livret du Salon ; mais où il est surtout à son aise, c’est dans ses bois, en plein paysage agreste. Son intérieur de forêt peut être comparé à ce que les toiles voisines offrent de plus remarquable. Quelles chaudes teintes automnales ! Le ton de cette verdure est un peu cru ; mais quelle fraîcheur !

 

1874 Barques napolitaines, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1874, n° 1934 du livret du Salon, Oeuvre non retrouvée

1874 Pêcheurs de sardines sur les côtes de Bretagne, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu,  Salon de 1874, n° 1935 du livret du Salon, Oeuvre non retrouvée

1874 Coup de soleil entre deux ondées, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1874, n° 1936 du livret du Salon, Oeuvre non retrouvée

Au Salon de 1874 M. Michel Bouquet est toujours le chef de la tribu, de plus en plus nombreuse, des peintres céramistes. La semaine des familles, revue universelle illustrée, 27 juin 1874, p.199

« MM. Michel Bouquet et Shopin demeurent encore les rois de la peinture sur faïence. Mais sur leurs traces, à des distances inégales, marchent de vaillants praticiens nommés Gustave Noël, Bourdery, Cuvillon, Grobon, et Mlle Amélie Lelong qui expose un excellent portrait de notre confrère Robert Mitchell ».  Journal officiel de la République française, Salon de 1874, 15 juillet 1874

Cette année-là il reçoit un rappel de médaille d’argent, un Prix de première classe et reçoit un éloge, alors que l’un des membres du jury de la Vie section et le seul non-professionnel, l’homme de lettres Philippe Burty, est l’un de ses plus grands détracteurs.

Le Président est Albert Jacquemart, auteur de l’Histoire de la céramique en 1873, le vice-président le maître-verrier Paul Bitterlin, les membres, Théodore Deck, un des plus grands faïenciers français, Adrien Dubouché, le directeur du musée céramique et des écoles de beaux-arts appliqués à l’industrie de Limoges, Léon Parvillée, auteur d’un livre sur l’art turc qui paraît la même année, céramiste orientaliste très admiré, futur créateur, en 1885, du très beau décor de faïences des thermes de Bourbon-l’Archambault, chercheur et historien de l’art.

 

Au Salon de 1875 où l’on peut admirer Gavarni, Harpignies, Pils, Appian, Allongé et Saintin, Emile Bergerat souligne que  « Dans les faïences et les porcelaines, M. Shopin n’ayant pas exposé, nous n’avons à citer que M. Michel Bouquet, un grand artiste dans la faïence, et qui reste toujours digne de sa célébrité européenne ». Emile Bergerat, Journal officiel de la République française, Salon de 1874, 16 juillet 1874

C’est l’année ou Joséphine Houssay présente au Salon un portrait de Michel Bouquet, un dessin, traité avec goût et une étude consciencieuse, une oeuvre non retrouvée.

1875 Les vaches noires, plage de Villers, Calvados, Peinture sur émail cru stannifère, Salon de 1875, Oeuvre non retrouvée

« Au tour des faïences. Il y en a beaucoup de médiocres, quelques-unes très-jolies. Parmi les meilleures, celles de M. Bouquet : Les Vaches noires, excellente marine, où la mer toutefois est trop confusément rendue. M. Bouquet, depuis longtemps hors concours, est très-sûr de son métier. »

Il s’agit d’un compte-rendu fait par le critique Mario Proth qui, admirateur inconditionnel de Manet, s’est engagé à fond contre les travaux de Cabanel et de Bouguereau.

Michel Bouquet a évité l’écueil de la nouvelle disgrâce picturale initiée par les critiques, et surtout par les galeristes et les marchands, depuis longtemps impatients de remplacer les choix de l’administration publique par de justes retours sur investissements privés.

 

Un petit clin d’oeil à cette faïence avec Vaches pie-noir sur la plage à Concarneau

Charles Augustin Lhermitte, Vaches couchées sur la plage à Concarneau, Photographie, Aristotype contrecollé sur carton, 8,3 x 11 cm, 1912 © images-art.fr

 

« Une Plage de Villers-sur-Mer, où Michel Bouquet et Jean-Louis Petit se sont rencontrés pour peindre cette plage, où naguère un autre membre de notre Société, M. Pigeory, architecte, était venu fonder une colonie, aujourd’hui florissante in Annales de la Société libre des Beaux-Arts, Paris, 1875, p. 50. Le Port de Saint-Vaast-la-Hougue, marée basse, soleil couchant, une marine de Jean-Louis Petit, ressemble étrangement à une aquarelle de Bouquet ; 1875 ; selon les Annales de la Société libre des Beaux-arts, 1875, p. 87 et selon Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, 1880

1875 Tentes arabes près de Biskra, province de Constantine, Peinture sur émail cru stannifère, 30x51cm, signé et daté en bas à gauche, Salon de 1875, intitulé de l’oeuvre selon Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, 1880, vente, lot 99, Rouillac, Vendôme, 28 janvier 2013

 

Une faïence analysée dans le Chapitre 6 Etre toujours à l’écoute du marché et des acquéreurs : le moment orientaliste

Michel Bouquet, Tentes arabes près de Biskra, province de Constantine, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 30 x 51 cm, signé et daté en bas à gauche, Salon de 1875  © vente, lot 99, Rouillac, Vendôme, 28 janvier 2013

 

« Le grand talent de M. Bouquet, et sa supériorité, consistent surtout dans l’habileté prodigieuse avec laquelle il obtient, dans un genre de peinture où l’on ne peut apprécier l’effet cherché qu’après la cuisson de la pièce, les jeux de lumière, les transparences et les finesses de la demi-teinte spéciaux à la peinture à l’huile. Ses faïences ont l’harmonie et la magie d’aspect des meilleurs tableaux de paysage ». Mémento du Salon de peinture, de gravure et de sculpture, 1875.

 

1876 Le marais de Kanfroux, Kéremma, Finistère, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1876, n° 248 du livret du Salon

 

Peut-être celui-ci ? Mais pour un salon, Michel Bouquet n’aurait pas omis de mettre la date

Michel Bouquet, Héron dans un marais, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu,25 x 37 cm, signée et datée, 1871 © vente, lot 51,  Adjug’art, Brest 12 décembre 2017

 

1876 Le ruisseau de Kéremma, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence au grand feu, Salon de 1876, n° 249 du livret du Salon, Oeuvre non retrouvée

Les artistes au salon de 1876 : « Qu’il soient peints sur faïence ou brossés sur toile, comme ces vues du Marais de Kamfrout et du Parc de Keremma, les paysages de Monsieur Michel Bouquet respirent la même fraîcheur, le même accent de vérité ».

 

Une oeuvre qui doit être très proche de celle-ci, conservée dans les réserves du Musée municipal de Lorient

Michel Bouquet, Le ruisseau dans la forêt, Huile sur toile, 59 x 47 cm, s.d. © Réserves, Musée municipal de la Ville de Lorient, inv. n° 70

 

un thème qu’affectionne également son ami Troyon, hélas disparu 10 ans auparavant

Nadar, Portrait de Constant Troyon , Tirage sur papier enduit de sel de cuisine et de nitrate d’argent, 21 x 16 cm, après 1860 © Paul Getty Museum, Los Angeles ; Constant Troyon, Ruisseau dans le bois, Huile sur toile, 32 x 46 cm, après 1860 © images-art.fr

 

1877 Un étang en Bretagne, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence au grand feu, Salon de 1877, n° 2349 du livret du Salon, Oeuvre non retrouvée

« La céramique a fait une précieuse conquête le jour où Monsieur Michel Bouquet a quitté la toile pour la terre, et, séduit par l’inaltérabilité de l’émail et la durée en quelque sorte indéfinie que le feu donne à tout ce qu’il touche, quand il ne le dévore pas l’instant, a consacré à la peinture sur faïence un talent dans toute la force de sa maturité, auquel le travail a donné tout ce qu’il lui était possible d’acquérir, sans que les jalouses années lui encore enlevaient de sa puissance.

Les faïences peintes de Monsieur Michel Bouquet attirent les regards de tous les connaisseurs. On sent dans ses œuvres l’homme qui a étudié la nature en peintre et en amoureux, et qui en a rendu tous les aspects avec une fidélité saisissante.

Il est difficile, même à ceux qui sont le plus étrangers aux mystères de la fabrication de la céramique, de passer devant ces belles créations sans s’y arrêter un moment.

Pour tous ceux au contraire, qui connaissent les difficultés inhérente à ce travail, d’une nature toute particulière ; pour tous ceux qui ont expérimenté les duretés et les trahisons du feu, et qui savent que cet auxiliaire du céramiste est parfois son plus cruel ennemi, ils ne peuvent trop qu’admirer l’habileté mêlée de bonheur avec laquelle M. Michel Bouquet échappe à tous les dangers, grâce à une exécution aussi sûre d’elle-même devant la plaque couverte d’émail cru sur laquelle il va promener son pinceau, fait du fin poil des rats d’Espagne, qu’il le serait devant une toile ordinaire ou un simple panneau. En fait de peinture céramique, il n’est pas seulement un maître, il est le maître. » Louis Enault, Les arts industriels, Vienne, Londres, Paris, Paris, Hachette, 1867, p.187.

 

1877 Le vieux moulin, clair de lune, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1877, n° 2350 du livret du Salon, Oeuvre non retrouvée

D’aucuns se plaignent des conditions d’exposition : « La céramique au salon est de plus en plus sacrifiée. Les maîtres du jury, les peintres, ceux qui « font sur toile » la dédaignent, sans doute parce qu’ils l’ignorent profondément.

Ils la livrent à M. Grosmaur, un homme d’administration armé d’un mètre, qui pour ne point se tromper, admet indistinctement et classe confusément tous les produits offerts à sa routine dévorante. Faïences grand feu, sous couverte, sur cru, porcelaines dures, tendres, sont accrochées pêle-mêle, en faux-jour, et signalées en quelque sorte à l’indifférence du public. On leur octroie généralement les honneurs de l’antichambre. Ce n’est que de l’art dit industriel !

Et les artistes dits industriels, vivant de l’industrie de leur art, vivant de l’industrie de leur art, mêlés incessamment à l’activité nationale, sont gens fort indépendants, rebelles, pour l’ordinaire, à la doctrine et aux câlineries administratives, pour tout dire de ces malappris de républicains dont œuvres et personnes doivent agacer tout particulièrement les sensibles nerfs de l’Impériale Pontificale Administration des Beaux-arts.

Depuis des années les artistes protestent. Cà commence à vous ennuyer, répond une direction joviale ; eh bien ! Nous allons recommencer.

C’est à l’Union centrale que la céramique est très bien exposée, qu’elle est brillante. »

 

1878 Un marais à Keremma, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1878, Oeuvre non retrouvée

1878 Une ferme à Keremma, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1878, Oeuvre non retrouvée

 

1879 Marée basse, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1879, appartenant à M. Casimir Périer, Oeuvre non retrouvée

1879 Paysage en Bretagne, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1879, Oeuvre non retrouvée

 

1880 Galiote hollandaise, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1880, , Oeuvre non retrouvée

1880 Le ruisseau, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1880, Oeuvre non retrouvée

« Michel Bouquet, le vétéran du genre et son rénovateur, sinon créateur, sorties de ses habiles mains »

 

1881 Bords de rivière, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1881, achetée par M. Bouzemont, Oeuvre non retrouvée

1881 Souvenir des bords du Scorff, en Bretagne, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1881, achetée par M. Bouzemont, Oeuvre non retrouvée

 

1882 Bateaux sur la plage, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1882, Oeuvre non retrouvée

1882 Barques napolitaines, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1882, 30 x 60 cm, appartient à M. Casimir Périer

 

Barques napolitaines, une des merveilles des réserves de la ville de Lorient,

 Casimir Périer en ayant fait don au musée municipal de Lorient

Michel Bouquet, Barques napolitaines, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Salon de 1882, 30 x 60 cm, don de Mme Périer à la Ville de Lorient © Réserves, Musée municipal de la Ville de Lorient, inv. n° 83

 

Une recherche sur les dégradés de gris bleus et jaunes

Michel Bouquet, Barques napolitaines, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence au grand feu, 30 x 50 cm, 1882 © Réserves du musée municipal de la Ville de Lorient, inv. n° 65

 

Un bleu poussé sur la toile qui abrite les marins

Michel Bouquet, Barques napolitaines, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence au grand feu, 30 x 50 cm, 1882 © Réserves du musée municipal de la Ville de Lorient, inv. n° 65

L’expression même de la douceur de la brise marine

Michel Bouquet, Barques napolitaines, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence au grand feu, 30 x 50 cm, 1882 © Réserves du musée municipal de la Ville de Lorient, inv. n° 65

 

Recherche des couleurs : le rouge des fanions et le bleu vert des mâts

Michel Bouquet, Barques napolitaines, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence au grand feu, 30 x 50 cm, 1882 © Réserves du musée municipal de la Ville de Lorient, inv. n° 65

 

La mer et la voile, ses premiers et derniers tableaux officiels

Michel Bouquet, Barques napolitaines, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence au grand feu, 30 x 50cm, 1882 © Réserves du musée municipal de la Ville de Lorient, inv. n° 65

 

Et tout ceci est réalisé à partir de poudres d’oxydes métalliques qui ne donneront leur résultat qu’après une cuisson à plus de 800 degrés

Michel Bouquet, Barques napolitaines, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence au grand feu, 30 x 50 cm, 1882 © Réserves du musée municipal de la Ville de Lorient, inv. n° 65

 

C’est l’une des dernières peintures sur faïence que nous ayons recensées à ce jour. Les années suivantes il est atteint d’une attaque cérébrale à Roscoff. Son état physique considérablement diminué ne lui permet plus que de réaliser des gouaches, lavis, aquarelles, et quelques huiles sur toile

 

C’est quatre ans plus tard que Gauguin se lance aussi dans la céramique en créant un vase atahualpa, en grès, avec des gris bleus…

Paul Gauguin, Vase Atahualpa dit aussi Vase porte-bouquet, Hiver 1887-1888, Grès, décor incisé, engobes colorés, rehauts glaçurés et dorés, 23 x 29 cm © vente Christie’s / DR

 

 

6 Continuer à épouser les milieux de la modernité industrielle

N’oublions pas que Michel Bouquet est un membre fondateur de l’Union des Beaux-arts appliqués à l’industrie.

Dans ces membres fondateurs en 1864, représentatifs d’une société du Second Empire dont les élites sont en plein renouvellement, on rencontrait outre les habituels aristocrates dont l’incontournable comte de Nieuwerkerke, sénateur, surintendant des Beaux-arts, amant de la princesse Mathilde et à ce titre véritable prince régnant, dispensateur des fonds publics, faisant et défaisant les carrières artistiques, des banquiers dont Hottinguer, des chefs d’entreprise  dont Allain-Niquet et Engel-Dollfuss, des membres de l’institut comme Ferdinand de Lasteyrie, des fonctionnaires de haut rang ou directeur d’organes de presse,

et les concurrents, de plus en plus nombreux, de Michel Bouquet dans le domaine de la céramique : Théodore Deck, fabricant de faïences d’art ; Genlis et Rudhardt, artistes peintres céramistes ; Claudius Popelin, artiste peintre ; Dubouché, artiste peintre à Limoges ; le céramiste Georges Pull, Madame de Callias et Collinot, peintres céramistes ; d’autres peintres céramistes à Blois, à Limoges ;

le sculpteur Aimé Millet, un ami de Michel Bouquet ; le sculpteur Bartholdi ;

le fabricant d’instruments de musique Adolphe Sax ;  l’éditeur d’estampes Goupil et son gendre, le peintre Gérôme qui viennent prendre leurs repas dans le café situé à côté de l’appartement de Michel Bouquet ; le critique d’art Champfleury ; Philippe Burty qui se présente comme un homme de lettres, mais qui en réalité, par le mariage de sa fille avec le propriétaire de la manufacture de Limoges, représente les intérêts de Haviland.

 

Dix ans plus tard, en 1873, sous le régime républicain, ces précurseurs dont leur création est devenue l’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie, une société par actions à capital variable, comptent parmi leurs membres les plus hauts niveaux de la Société industrielle : le régent de la Banque de France, les trois barons banquiers Rothschild, Alphonse, Gustave et Edmond, les présidents des conseils d’administration des chemins de fer dont le comte de Kersaint pour celui de l’Ouest, d’autres banquiers, des députés de la troisième République dont le duc d’Aumale exilé en Angleterre pendant 30 ans à qui Michel Bouquet, qui le connaissait personnellement, a fait cadeau d’un alguier, un ancien ministre des Beaux-arts, des hauts fonctionnaires toujours dont un conseiller référendaire à la Cour des Comptes,

et toute une flopée de créateurs liant l’industrie et les arts : le fabricant de bronze Barbedienne, le négociant en diamants Isaac Cohen, le faïencier Rousseau, l’orfèvre Christofle, le sculpteur Carrier-Belleuse, le bijoutier-joaillier Falize, tous ceux qui vont profiter des possibilités ouvertes par la nouvelle République d’une ascension sociale sans limites, fondée sur les talents de quelque nature qu’ils soient.

L’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie, est donc une Société dont il faut en être si l’on veut faire partie des nouveaux décideurs au niveau national. Elle dispose de sa propre revue.

Revue mensuelle des Beaux-arts appliqués à l’industrie, novembre 1874 © Source gallica.bnf.fr / BnF

 

Et encore une fois, Michel Bouquet en fait partie, après avoir été successivement intégré dans les milieux artistiques gravitant autour des rois Charles X et Louis-Philippe, de l’empereur Napoléon III et maintenant des parlementaires de la Troisième république. Une longévité et un parcours exceptionnels.

 

1873 Troupeau de vaches à la rivière, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 27 x 44 cm, signée et datée, vente, Drouot,

 

Un beau travail sur les couleurs complémentaires jaunes et violettes et leur déclinaison dans l’espace

Michel Bouquet, Troupeau de vaches à la rivière, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 27 x 44 cm, signée et datée, 1873 © vente lot 129, Couteau Bégarié, 2013

 

Deux couleurs influencent tout l’espace, le jaune et le violet

Michel Bouquet, Troupeau de vaches à la rivière, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 27 x 44 cm, signée et datée, 1873 © vente lot 129, Couteau Bégarié, 2013

 

Les feuilles dans le vent courent comme des folles ;
Elles voudraient aller où les oiseaux s’envolent,
Mais le vent les reprend et barre leur chemin
Elles iront mourir sur les étangs demain.

Anna de Noailles, Automne, 1901

 

Recherche technique : l’entremêlement des violets et des jaunes, deux couleurs complémentaires directes

Ne pas oublier que cette recherche se fait sans voir le résultat qui sera donné par la cuisson au grand feu

 

Des feuilles aux ombres à contre jour violettes en 1873, qui a parlé de l’invention impressionniste ? ( première exposition publique des impressionnistes en avril 1874 ) Gauguin à Sérusier en 1888 : Cette ombre plutôt bleue ? Ne craignez pas de la peindre bleue.

 

Une vache brun violet sur des eaux jaunes

 

Feuilles violettes et troncs à lumière verte, deux couleurs complémentaires indirectes froides

 

Feuilles violettes sur double fond jaune et bleu violet

 

Tronc avec rainures de l’écorce violettes

 

Une entremêlement des eaux à dominante violette et jaune

Michel Bouquet, Troupeau de vaches à la rivière, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 27 x 44 cm, signée et datée, 1873 © vente lot 129, Couteau Bégarié, 2013

 

En 1874, le complexe psychologique à l’égard des professions dites artistiques ne joue plus. L’Union centrale affiche désormais avec vigueur les professions de ses exposants

Revue mensuelle des Beaux-arts appliqués à l’industrie, novembre 1874 © Source gallica.bnf.fr / BnF

mais celles-ci à part quelques-unes d’entre elles, sont encore l’apanage des hommes

Revue mensuelle des Beaux-arts appliqués à l’industrie, novembre 1874 © Source gallica.bnf.fr / BnF

 

Michel Bouquet, qui apparaît sous la mention de peintre céramiste reçoit en 1874 une médaille d’argent de première classe avec Laurin et Pull, récompense contresignée par le secrétaire rapporteur Philippe Burty, le président Albert Jacquemart, les membres du jury Théodore Deck, Adrien Dubouché, soit la reconnaissance de ses pairs au plus haut niveau.

 

Revue mensuelle des Beaux-arts appliqués à l’industrie, novembre 1874 © Source gallica.bnf.fr / BnF

 

 

« La quatrième exposition de l’Union centrale des Beaux-arts appliqués à l’industrie s’est ouverte aux Champs-Elysées. Les porcelaines de M. Eugène Rousseau se distinguent par la finesse de la pâte, par sa dureté et son éclat translucide. Les faïences peintes sur émail cru, de M. Michel Bouquet, nous ont particulièrement frappé.

Peindre une marine ou un paysage sur une poussière d’émail que le plus léger souffle peut faire envoler, calculer et deviner ses effets dans cette boue à moitié liquide, au moyen de couleurs et d’oxydes dont les véritables nuances ne se développent qu’au feu, quelle tâche difficile et patiente ! M. Bouquet s’en tire avec grand honneur ». O. Sancey, Journal officiel de la République française, 18 septembre 1874

 

Paysage de bord de rivière

Chercher et peindre le beau dans le simple

Michel Bouquet, Paysage de bord de rivière, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 31 x 51 cm, signée et datée, 1874 © vente, Galerie Kerkamak

 

« Les paysages frais et mouillés que Michel Bouquet confie au grand feu sont sympathiques aux artistes et aux gens du monde » , Exposition de l’Union centrale, Gazette des Beaux-arts, 1874, p. 315

 

Un magnifique travail des nuages

Michel Bouquet, Paysage de bord de rivière, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 31 x 51 cm, signée et datée, 1874 © vente, Galerie Kerkamak

 

Un très beau rendu du reflet des eaux

Michel Bouquet, Paysage de bord de rivière, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 31 x 51 cm, signée et datée, 1874 © vente, Galerie Kerkamak

 

Très belle utilisation du contraste zone d’ombre / zone de lumière

Même le nid de pies est présent dans l’arbre

Michel Bouquet, Paysage de bord de rivière, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 31 x 51 cm, signée et datée, 1874 © vente, Galerie Kerkamak

 

Michel Bouquet reçoit un éloge pour son travail et un prix de première classe,  alors que l’un des membres du jury de la Vie section et le seul non-professionnel, l’homme de lettres Philippe Burty, est l’un de ses plus grands détracteurs.

Le Président est Albert Jacquemart, auteur de l’Histoire de la céramique en 1873, le vice-président le maître-verrier Paul Bitterlin, les membres, Théodore Deck, un des plus grands faïenciers français, Adrien Dubouché, le directeur du musée céramique et des écoles de beaux-arts appliqués à l’industrie de Limoges, Léon Parvillée, auteur d’un livre sur l’art turc qui paraît la même année, un céramiste orientaliste très admiré, futur créateur, en 1885, du très beau décor de faïences des thermes de Bourbon-l´Archambault, chercheur et historien de l’art.

Le mouvement gagne les autres artistes. En 1874 sont cités Gavarni, Harpignies, Allongé, Appian, Paul Flandrin, Français, Mme de Rothschild, Michel Bouquet, Shopin, Noël, Pollet, Feu Nanteuil, Manet Le Polichinelle, Lansyer, La fantaisie japonaise, les aquafortistes et le Salon d’exposition de l’Union centrale prend de l’ampleur

 

1875 Exposition au Palais de l’industrie, Les vaches noires, Plage de Villiers , Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, n° 2097 , Oeuvre non retrouvée

1875 Bords de rivière, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, n° 2099, Oeuvre non retrouvée voir A. de la Fizelière, Memento du Salon de peinture, de gravure et de scupture en 1875, indiquant les oeuvres les plus remarquables exposées au Palais de l’Industrie, Paris, Librairie des Bibliophiles, 1875

« Le grand talent de M. Bouquet, et sa supériorité consistent dans l’habileté prodigieuse avec laquelle il obtient, dans un genre de peinture où l’on ne peut apprécier l’effet cherché qu’après la cuisson de la pièce, les jeux de lumière, les transparences et les finesses de demi-teinte spéciaux à la peinture à l’huile. Ses faïences ont l’harmonie et la magie d’aspect des meilleurs tableaux de paysage » p.46 Sa notoriété font que ses œuvres sont bien placées, sur la galerie extérieure est. Prestige des médaillés..

La notion de paysage est abordée dans ce Mémento, représentative du regard que les acheteurs portaient sur l’oeuvre « Le paysage moderne a eu sur les progrès de notre Ecole une influence notable. C’est par l’amour, la connaissance intime, l’étude approfondie de la nature et de ses effets puissants et variés, par une habileté excessive à reproduire avec exactitude, que nos paysagistes célèbres ont ramené dans la peinture, par leur exemple, le culte du vrai et le sentiment profond de la poésie. C’est en cela surtout que le paysage est intéressant ».

Henri Harpignies y expose également en huile sur toile Les chênes de Château-Renard, Karl Daubigny son huile sur toile, Cancale, Fantin-Latour, Bonnat et le jeune Bastien-Lepage, tous trois auteurs de portraits.

La philosophie de Bouquet, c’est que l’homme n’est qu’un élément de la nature, qu’il en fait partie, mais qu’il n’y règne pas.

De famille commerçante, il anticipe aussi le marché. S’il quitte la peinture sur toile, c’est aussi parce qu’il voit que nombre de ses confrères, surtout les plus jeunes d’entre eux,  ne sont pas concurrençables.

Le créneau de la faïence dans le quel il s’inscrit lui permet de faire preuve d’originalité par rapport à tous les autres peintres et de bénéficier de commandes, que lui assurent un élément fondamental à l’époque, et que nous avons perdu de vue aujourd’hui, la maîtrise absolue du tour de main de l’artisan faïencier, travail qui demande à la fois de profondes connaissances techniques et la maîtrise d’un art délicat, constamment fragile qui est de poser ses émaux liquides au pinceau en n’ayant d’autre solution que de se représenter mentalement ce que cela pourra donner au après la cuisson, seul moment où les couleurs apparaîtront, et définitivement, car il n’y a pas de droit à l’erreur, pas de possibilité de récupérer une faute de la main, chaque touche est irréversible.

L’année suivante, en 1876, tous les faïenciers sont là et le titre est révélateur des nouvelles mentalités qui cherchent à s’émanciper de l’Etat : L’industrie privée. La céramique : Théodore Deck, Haviland, Laurin, Gaidan, Michel Bouquet, François Ménard, Eugène Ladreyt, L’émail de Limoges ; Théorie de M. Claudius Popelin ; MM. Paris du Bourget, Frédéric de Courcy, Alfred Meyer, Mlle de Nugent.

« Quelle charmante promenade que celle du jardin du Palais de l’Industrie en ce moment ! Sous ce vaste vitrage, éclairé du jour pâle d’octobre, au milieu de hautes plantes de serre, dans une atmosphère gris argenté qu’ouatent des vapeurs bleuâtres, toute notre industrie d’art est campée sous la bannière de l’Union centrale. Cette exposition vaut d’être parcourue, on n’y perd pas les deux heures que l’on y consacre ».

Parmi les artistes libres et indépendants de tous éditeurs, il faut nommer au premier rang, et avec tout le respect dû à son superbe talent, le grand peintre sur faïence, M. Michel Bouquet. Une demi-douzaine de paysages, exécutés avec cette largeur et cette science de l’effet qui bravent les difficultés du procédé, maintiennent hors ligne la signature de leur auteur. Après un tel artiste, nommer François Ménard, n’est-ce pas assez dire le cas que nous faisons des paysagistes ? » Emile Bergerat

 

Paysage à l’étang. Ici, ce sont les verts qui embrasent la céramique

Michel Bouquet, Paysage à l’étang, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 19 x 30 cm, s.d. © vente Toulon, lot 164, avril 2018

 

Recherche technique d’un mélange d’oxydes métalliques ouvrant sur une gamme de verts subtils

Michel Bouquet, Paysage à l’étang, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 19 x 30 cm, s.d. © vente Toulon, lot 164, avril 2018

 

A la  Cinquième exposition de l’Union centrale des Beaux-Arts appliqués à l’industrie, en 1877 on précise qu’il s’agit d’une institution privée, sans absolument aucune attache gouvernementale.

« La céramique a fait une précieuse conquête le jour Monsieur Michel Bouquet a quitté la toile pour la terre, et, séduit par l’inaltérabilité de l’émail et la durée en quelque sorte indéfinie que le feu donne à tout ce qu’il touche, quand il ne le dévore pas l’instant, a consacré à la peinture sur faïence un talent dans toute la force de sa maturité, auquel le travail a donné tout ce qu’il lui était possible d’acquérir, sans que les jalouses années lui encore enlevaient de la se de sa puissance. Les faïences peintes de Monsieur Michel Bouquet attirent les regards de tous les connaisseurs.

On sent dans ses œuvres l’homme qui a étudié la nature en peintre et en amoureux, et qui en a rendu tous les aspects avec une fidélité saisissante. Il est difficile, même à ceux qui sont le plus étrangers aux mystères de la fabrication de la céramique, de passer devant ces belles créations sans s’y arrêter un moment.

Pour tous ceux au contraire, qui connaissent les difficultés inhérente à ce travail, d’une nature toute particulière ; pour tous ceux qui ont expérimenté les duretés et les trahisons du feu, et qui savent que cet auxiliaire du céramiste est parfois son plus cruel ennemi, ils ne peuvent que trop admirer l’habileté mêlée de bonheur avec laquelle M. Michel Bouquet échappe à tous les dangers, grâce à une exécution aussi sûre d’elle-même devant la plaque couverte d’émail cru sur laquelle il va promener son pinceau, fait du fin poil des rats d’Espagne, qu’il le serait devant une toile ordinaire ou un simple panneau. En fait de peinture céramique, il n’est pas seulement un maître, il est le maître ». Louis Enault, Les arts industriels, Vienne, Londres, Paris, Paris, Hachette, 1877, p.187.

Exposition de l’Union centrale

Anonyme, Salle d’exposition de l’Union centrale, Photographie, Album Maciet 309.2, 1880 © Images-art, Musée des Arts Décoratifs

 

7 Saturer les espaces d’exposition commerciale du réseau des galeries artistiques

Son détracteur Philippe Burty se plaignait déjà que l’on retrouvât ses céramiques dans le Tout-Paris des marchands parisiens  » Nous rencontrons aujourd’hui aux vitrines de trop de marchands d’estampes, de fabricants de bronze, de papetiers et de tapissiers, les plaques peintes par Monsieur Michel Bouquet, pour résister au désir d’exprimer la répugnance que nous inspirent ces faux tableaux… »

Son réseau relationnel lui permet de toujours exposer dans de nombreuses galeries marchandes dans les années 1870 et 1880 « Les charmants paysages peints sur faïence au grand feu par notre confrère Michel Bouquet et qui sont dans les vitrines de tous les marchands de tableaux… ». Il n’hésite même pas à utiliser le marchand des impressionnistes, Durand-Ruel.

 

 

8 Participer aux nouvelles techniques de vente hors-salon  : les expositions éphémères

Dès la création en 1860 de la la Société des arts unis, première société organisatrice d’expositions qui aboutissait à des ventes directes entre peintre et amateur, Michel Bouquet comptait parmi ses premiers actionnaires. Toujours sur le plan de la modernité vendeuse il s’inscrit en créateur. Vingt ans plus tard, Arsène Houssaye, Revue des deux mondes, 1er mars 1880 , pp.196-202 souligne que « depuis quelques années déjà qu’il est bon ton de se montrer au Salon ou aux courses, les expositions des cercles se sont multipliées ».

La propre demeure du richissime Arsène Houssaye où se déroulaient les plus fastueuses, extrêmes et torrides soirées du Second Empire était elle-même une forme d’exposition permanente.

 

Une soirée où seules les femmes sont masquées, tout est alors possible

Anonyme, Salon-Galerie chez Arsène Houssaye, Avenue de Friedland, Dessin sur papier beige, crayon, plume et encre, lavis d’encre, 23,8 x 34cm, s.d. © Source gallica.bnf.fr / BnF ; Atelier Nadar, Portrait d’Arsène Houssaye, Photographie positive sur papier albuminé,d’après négatif sur verre, 8,5 x 5,8 cm, s.d. © Source gallica.bnf.fr / BnF ; Anonyme, Une soirée chez Arsène Houssaye, gravure sur bois ; 22,4 x 31 cm, s.d. © Source gallica.bnf.fr / BnF

 

On retrouve quelques-unes des toiles de Michel Bouquet dans les cercles de la place Vendôme, le Cercle artistique et littéraire au 7 de la rue Volney, au palais des champs-Elysées, ainsi que dans le cercle de la rue Vivienne

 

81 Rester fidèle à la Société libre des Beaux-arts

En septembre 1871 les locaux de la Société libre des Beaux-arts sont à nouveau opérationnels, Michel Bouquet peut y exposer ses dernières créations.

 

Héron dans un marais

Michel Bouquet, Héron dans un marais, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 25 x 37 cm, signée et datée, 1871 © vente, lot 51,  Adjug’art, Brest 12 décembre 2017

Une couleur peu courante en faïence au grand feu

 

Un ciel qui se décline du jaune pâle serein aux gris menaçants

 

L’illusion de la profondeur et de l’humidité sur un espace très réduit, moins de un centimètre de hauteur

 

L’illusion de la profondeur par alternance de zones d’ombres vertes froides et de lumière vertes chaudes horizontales, d’un dégradé de troncs d’arbres lumineux puis sombres qui aboutissent à un horizon froid bleuté

 

La recherche maximale de l’effet de contraste ombre lumière

 

Un étonnant héron qui se rapproche davantage de l’ibis égyptien

 

Une signature discrète

Michel Bouquet, Héron dans un marais, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 25 x 37 cm, signée et datée, 1871 © vente, lot 51,  Adjug’art, Brest 12 décembre 2017

 

En 1875 « les membres de la société de peinture de La Société libre des Beaux-arts se trouvaient en grand nombre à l’exposition. MM. Gallimard, Balfourier, Duvaux qui ont produit des paysages ; MM Michel Bouquet et Jean-Louis Petit, qui se sont naguère rencontrés pour peindre cette Plage de Villers-sur-Mer, Peinture sur émail cru stannifère, où naguère un autre membre de notre société M. Pigeory, architecte, était venu fonder une colonie, aujourd’hui florissante » Pascal Allain, Société libre des beaux-arts et comité central des artistes, fondés en 1830 et 1848, réunis en 1865, Annales, 27ème vol., Paris, Renouard, 1875, p. 50.

Mais s’il y expose des faïences, il n’hésite pas non plus à y présenter des huiles sur toile, deux paysages : La plage de Keremma, FinistèrePrès Keremma.

Michel Bouquet fait partie depuis 1865 de La Société libre des Beaux-arts, créée en 1830. Or c’est l’année où cette Société fusionne avec le Comité central des artistes fondé le 10 juillet 1848. Michel Bouquet n’a jamais fait partie de la seconde association, même si une de ses connaissances proches, Louis Auvray, en est membre.Deux raisons peuvent être avancées. La première, personnelle, c’est que son atelier avait été fracturé et envahi par des révolutionnaires à la recherche d’armes dont le peintre faisait la collection, puis l’appât du gain aidant, pillé par d’autres, ce qui occasionnera une perte de 20 années de travail artistique.

La seconde raison, c’est que si Michel Bouquet est un homme qui, s’il est un philanthrope soucieux d’aider les individus durement touchés par  la vie comme les orphelins, les pauvres, les familles des péris en mer de Roscoff, et qui en tant que peintre vit dans un monde à vocation égalitaire, n’est pas un admirateur de la violence révolutionnaire, préférant de loin la fréquentation des milieux aisés, son vivier d’acheteurs naturel.

 

82 Intégrer les nouveaux espaces artistiques de la scène parisienne

Le Journal Officiel du  24 février 1875 souligne que « déjà se fait sentir l’approche du Salon de 1875. De toutes parts s’ouvrent à Paris de petites expositions préparatoires dans lesquelles les artistes tâtent le goût public et cherchent à savoir d’où soufflent les vents de la faveur, du succès et même de la mode. Constatons d’abord l’empressement général du public à se rendre à l’appel de tant de courageux travailleurs, aux trois cercles que nous avons visités »

 

L’Union artistique place Vendôme

L’Union artistique place Vendôme avec 600 membres et 140 exposants pour les novateurs assurés d’être vus, jugés, appréciés et achetés peut-être directement et sans intermédiaires, mais si elles peuvent donner la fortune, elles ne donneront jamais la réputation : le Salon seul a ce privilège. Vingt ans d’exposition dans tous les cercles chez tous les marchands ne vaudront jamais pour apprendre un nom à une foule, une simple médaille au Salon du mois de mai.

« La foule qui assiste à ces expositions est celle du vrai public, des amateurs, des curieux, des collectionneurs, des artistes, des désoeuvrés ou des critiques. C’est l’intelligence direz-vous et celle précisément à qui s’adressent les oeuvres d’art.

Erreur. Ce n’est pas celle qui donne la gloire.

Il y a dans le succès un côté hasardeux qui échappe aux goûts très éclairés et très experts ; ce côté qui peut-être ne l’est pas, mais que la critique tient pour tel dans l’impuissance où elle est de le définir, ne provient que d’un sentiment de beauté, émané inconsciemment de l’idéal même de l’artiste et qui ne frappe que la masse… De telle sorte qu’il est bien dangereux pour l’artiste de s’en fier au succès obtenu en dehors de cette grande concurrence au Salon qui casse les jugements des plus compétents et laisse aux artistes une espérance acquise aux cercles et disparue au Salon..

..le vrai patriotisme et le vrai libéralisme auront disparu au moment où la signature ne représentera plus rien que chez les banquierson y voit Gérôme, de Nittis, Philippe Rousseau, Eugène Isabey dont il faut regarder les toiles de loin car tout y pétille, y scintille et y étincelle. Que d’esprit dans cette touche si sûre et si libre à la fois, et quel maître artiste que ce peintre ! Et des faïences de Michel Bouquet ».

 

Marine en Hollande

Michel Bouquet, Marine en Hollande, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence au grand feu, 55 x 75 cm, Maison Pichenot Loebnitz successeurs rue des Trois Bornes n°7 et rue Pierre Levée n°4, Legs du Baron Christiani, 7 novembre 1930, 1871 © images-art, Musée des Arts décoratifs

 

Tout un travail axé sur la déclinaison des gris

Michel Bouquet, Marine en Hollande, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence au grand feu, 55 x 75 cm, Maison Pichenot Loebnitz successeurs rue des Trois Bornes n°7 et rue Pierre Levée n°4, Legs du Baron Christiani, 7 novembre 1930, 1871 © images-art, Musée des Arts décoratifs

 

Michel Bouquet, Marine en Hollande, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence au grand feu, 55 x 75 cm, Maison Pichenot Loebnitz successeurs rue des Trois Bornes n°7 et rue Pierre Levée n°4, Legs du Baron Christiani, 7 novembre 1930, 1871 © images-art, Musée des Arts décoratifs

 

Ces expositions servent de transition entre l’atelier où on ne voit pas grand-chose, et le Salon où l’on voit trop.

 

La Société des Amis des Arts

Il s’agit de la Société des Amis des Arts, rue le Pelletier où expose Gustave Doré, l’Intérieur d’une taverne à Londres ; Daubigny un très beau lever de lune sur le Pré des Graves ; Feyen-Perrin La Femme à la fontaine ; deux paysages de Harpignies, et une Bergerie de Charles Jacque, un ami de Michel Bouquet.

 

Le Cercle artistique et littéraire.

Michel Bouquet participe également en 1875 à une Exposition du cercle artistique et littéraire.

« L’exposition offre un intérêt réel. Elle comprend 110 tableaux et aquarelles, celles-ci en très petit nombre.Le paysage brille plus à cette exposition par la qualité que par le nombre. On ne saurait s’en plaindre. Diaz y tient le premier rang avec un beau tableau, plein de mystère. Une esquisse de Corot, idée à peine exprimée, mais avec la justesse habituelle du maître. De belles faïences de M. Michel Bouquet. Une Venise de Ziem, digne de ses devancières complète cette exposition.Nous croyons en avoir assez dit, pour inspirer aux retardataires le désir de faire une visite au Cercle de la Chaussée d’Antin ». La chronique des arts et de la curiosité, Supplément à la Gazette des Beaux-Arts, 6 mars 1875, p. 81.

La même exposition dans le Journal Officiel du 24 février 1875 « Au Cercle artistique et littéraire, notre intérêt s’est porté principalement sur les oeuvres qui suivent : une esquisse de M. Bonnat; des faïences de Michel Bouquet ; un paysage de Corot ; un paysage de Boldini ; un beau Diaz sombre et poétique ; une Venise de Ziem qui est parmi les meilleures du maître ».

 

Plusieurs hypothèses : La Tamise à Londres ? Boulogne ?

Cette peinture a accompagné l’article consacré à son éloge funèbre dans le Monde illustré n° 1714 du 1er février 1890

Michel Bouquet, Marine, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 50 x 60 cm, 1875 ©  Musée de Fécamp

 

Un point de fuite à droite, un éclaté des voiles vers le ciel

Michel Bouquet, Marine, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 50 x 60 cm, 1875 ©  Musée de Fécamp

 

Michel Bouquet, qui a commencé avec la peinture la plus académique qui soit, celle des tableaux de la Galerie de Versailles avec Gudin, se retrouve dans un univers conceptuellement très évolutif.

En témoignent les lignes ci-dessous.

En 1877 « ce qui s’en va, c’est l’obéissance à la routine, l’attachement aux préjugés, l’admiration des phrases creuses, le respect des fausses grandeurs et des solennités niaises, la fois dans les fausses et tyranniques protections. Ce qui vient, dans l’armée, comme dans la politique, c’est le self-government, c’est-à-dire l’émancipation des individus par le concert des volontés, par l’association des intérêts.Ce livre vous redira aussi nos impatiences contre les conventions, les intrigues, et camaraderie, les impuissances coalisées, les classiques d’eau, les impressionnistes d’en bas.Vous ne nous demanderez une esthétique nouvelle.

Des esthétiques ? Il y en a désormais autant que de personnes. Ce qu’on que l’on appelle la critique d’art n’est plus, ne serait plus être. En art, une seule habileté subsiste : la sincérité. Avec des empereurs qui veulent aller en guerre, l’art, pour parler argot d’atelier, l’art est dans le marasme. Les acheteurs n’apparaissent un instant que pour fuir, nébuleuses rares, vers des horizons vagues. Devant l’orage qui s’amasse, effroyable et stupide, les cœurs se serrent, et les bourses aussi. Adieu les spéculations fanatastiques, les tableautins couverts d’or, les hausses effrénées !

La seule association, libre, morale et commerciale des artistes, sagement et mûrement organisée, vous débarrassera des jurys pédants, des protecteurs ambitieux, des spéculateurs éhontés qui donnent pour épilogues aux ascensions injustifiables les dégringolades vertigineuses, des critiques solennels, des intrigants de toute allure et de tout langage . Elle seule vous mettra en rapport immédiat et perpétuel avec le public, votre unique et souverain juge ». in Mario Proth, Voyage au pays des peintres, salon de 1877, avec une eau-forte et des dessins autographes, A Jules Ferry, Paris, 1877, 3e vol.

Le cercle artistique et littéraire Volney   ouvre le 2 avril 1882 une exposition consacrée aux femmes artistes, dont une compatriote lorientaise de Michel Bouquet.

« Les deux marines d’Elodie de la Villette Marée basse dans la rade de Lorient, Plage de Kernevel sont des oeuvres tout à fait hors ligne. Vous ne vous lasserez pas de regarder ces grands et petits paysages, d’une vérité si intense et si pénétrante. Citons aussi la Vanneuse bretonne de Madame Laurent-Desrousseaux, Intérieur breton d’Estelle Bergerat. » Emile Blémont, Beaumarchais : journal satirique, littéraire et financier, 1882.

En 1884 c’est l’aboutissement du courant artistique et marchand, initié avec le salon des refusés de 1863,  qui veut échapper à la tutelle de l’Etat et donc du Salon,  « Ni jury, ni récompenses » proclamant la liberté totale, mais surtout la liberté de vendre pour le marchand sans avoir à passer sous les fourches caudines du jury, et d’imposer ainsi par la publicité et le relationnel les nouveaux courants créés pour vendre.

Les impressionnistes de 1874 , comme les néo-impressionnistes de 1884 ne sont qu’un procédé de marketing bien compris, nouveau rouleau compresseur de la marchandisation des arts pour séduire les nouvelles classes bourgeoises internationales en pleine ascension sociale.

Cette liberté de vendre, Michel Bouquet l’a toujours appliquée à lui-même et par lui-même.

 

83 Les ventes aux particuliers hors salons

1870 ( avant ) Marine au clair de lune, Peinture sur émail cru stannifère, 16 x 28 cm, très belle composition dans le sentiment hollandais et d’un effet mystérieux selon Demmin, et lui ayant appartenu

1871 Paysage de forêt, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 50 x 35 cm, signée et datée, vente, Canada, Vancouver, Maynards, 27/03/2012

 

La source de lumière provient à la fois du fond de la toile, et verticalement par les trouées supérieurs dans la canopée

Michel Bouquet, Paysage de forêt, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 50 x 35 cm, 1871  © vente Maynards, Canada, Vancouver,  27 mars 2012

 

1872 Marine, Etude d’après nature, Peinture sur émail cru stannifère, faïence au grand feu, 26x40cm, signée et datée en bas à gauche, cuite chez Jules Loebnitz, Musée des Arts décoratifs, don de M. A. Bichet, 1901.

 

Un paysage tourmenté

Michel Bouquet, Marine, Etude d’après nature,  Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 26 x 40cm, signée et datée en bas à gauche, cuite chez Jules Loebnitz,  don de M. A. Bichet, 1901, 1872 © images-art, Musée des Arts décoratifs

 

Une opposition de masses gris bleu / jaune orangé avec un point d’horizon très basUne perspective qui étire tout vers la droite, en bas

Michel Bouquet, Marine, Etude d’après nature,  Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 26 x 40cm, signée et datée en bas à gauche, cuite chez Jules Loebnitz,  don de M. A. Bichet, 1901, 1872 © images-art, Musée des Arts décoratifs

 

1873 ( avant ) Paysage, soleil couchant, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 30x40cm, signée m.Bouquet ; Marine au clair de lune, avec moulin à vent et bateau sous voile, peint dans le sentiment hollandais, Peinture sur émail cru stannifère, signée MB, appartenant à Auguste Demmin, auteur de Guide de l’amateur de faïences et de porcelaines, 2 vol., 4e édition, 1873, p. 791-794

1873 Paysage, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 23 x 17 cm, signée et datée, 1873

 

Un envoi « A mon ami David d’Angers ». Un très joli travail sur la succession des plages d’ombre et de lumière qui accentuent l’illusion de la profondeur.

Michel Bouquet, Paysage, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 23 x 17cm, signée et datée, 1873 © vente lot 103, Cergy-Pontoise, 2015

 

Le choix d’une perspective centrale

 

perspective accentuée par l’éclaircissement progressif des troncs d’arbre

avec un couple de paysans bretons en pleine discussion

Michel Bouquet, Paysage, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 23 x 17cm, signée et datée, 1873 © vente lot 103, Cergy-Pontoise, 2015

 

Couple de paysans bretons, quarante ans plus tard

Charles-Augustin Lhermitte, Couples de paysans bretons, Photographie positive, aristotype contrecollé sur carton, 8,8 x 11,3 cm, 1912 © images-art.fr

 

1873 ( avant ) Une vue des bords du Scorff, près Arzano, Finistère, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 54 x 81 cm formant le plateau d’une table en chêne sculpté, appartenant à M. J. Saint-Léon, Lyon, Oeuvre non retrouvée

C’est certainement une des plus grandes plaques de faïence peinte d’un seul tenant : 54 cm sur 81 cm de large ! 1874 Paysage, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 40 x 50 cm, signée et datée en bas à droite

 

La rencontre des verts et de jaunes sur fond gris bleu

Michel Bouquet, Paysage, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 40 x 50 cm signée et datée en bas à droite, 1874 © vente lot 115, Oger Blanchet 2017

 

D’après nos recherches, il y a toutes les chances qu’il s’agisse d’un lieu situé au sud de Paris, à moins de 800 mètres du village de Barbizon.Plusieurs éléments abondent en ce sens : une photographie de cet espace en 1864, et des huiles sur toile de Théodore Rousseau et Jules Dupré. C’est le même arbre, la branche basse de gauche n’ayant pas d’équivalent à droite. Les mêmes rochers affleurent à la surface à gauche et à droite. Il s’agit de la mare Dagnau dans la forêt de Fontainebleau, un point de vue visiblement apprécié par les peintres de Barbizon.

 

La mare à Dagnau, Barbizon

Paul Berthier, Mare à Dagnau, Photographie, 1864 © Foret-fontainebleau.teria.fr

 

Le même espace, l’année suivante, en hiver

Anonyme, La mare à Dagnau, Photographie, 1865 © Source gallica.bnf.fr / BnF

 

Le même espace, peint par Théodore Rousseau, mort 7 ans auparavant

Théodore Rousseau, Coucher de soleil, La mare à Dagnau, Fontainebleau, Huile sur toile, 24 x 33 cm, A mon ami Ary Scheffer © Foret-fontainebleau.teria.fr

 

Michel Bouquet avait l’occasion de rencontrer de nombreux peintres de l’école de Barbizon, sans en faire partie, et devait s’y rendre de temps à autre avec des amis, comme le peintre Chrsitian Jacque, ce dernier ayant commis un petit dessin sur le même lieu.

1874 Paysage, Peinture sur émail cru stannifère, 30 x 50 cm, signé et daté en bas à droite, vente Drouot, Oger-Blanchet, 13 décembre 2017 Un travail technique sur les couleurs vertes dont la palette s’est considérablement élargie.

Un traitement des plantes sur les surfaces liquides qui annonce les nymphéas de Monet peints quarante ans plus tard, de 1914 à 1926

 

 

Engager ceux qui ont des yeux à regarder aussi, George Sand, La Mare au Diable, 1851

 

 

 

Michel Bouquet, Paysage, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 40 x 50 cm, signée et datée en bas à droite, 1874 © vente lot 115, Oger Blanchet 13 décembre 2017

 

1875 Bords d’une rivière, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Oeuvre non retrouvée

1876 Pêcheur au bord de la rivière, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, Oeuvre non retrouvée

1878 Bords de rivière, ( rivière, rochers au premier plan, colline au centre et à droite, un bateau à voiles ), Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 30 x 50 cm, Au dos n° 30-110, Réserves, Musée municipal de la Ville de Lorient

1878 Paysage de vallée avec rochers plongeant vers la mer, Peinture sur émail cru stannifère, 32 x 50 cm, vendue au Musée de Sèvres, n° d’ inventaire MNC 7279, payée 300 francs à l’artiste ; le premier plan est extraordinaire de maîtrise, la profondeur rendue par les ocres jaunes, les bleus de la mer, du ciel est remarquable

 

Michel Bouquet, Paysage de vallée avec rochers plongeant vers la mer, Peinture sur émail cru stannifère, Faïence cuite au grand feu, 32 x 50 cm, vendue au Musée de Sèvres © images-art.fr, Musée des Arts décoratifs, inventaire MNC 72791878

 

Michel Bouquet continue à créer inlassablement dans les années 1880 – il a plus de 72 ans – jusqu’au moment où une attaque cérébrale va le mettre si mal en point qu’il ne pourra plus que très rarement travailler ses faïences.

Mais avant que l’âge ne se transforme en épreuve, il s’attache à toujours innover dans le domaine de la vente, notamment lors d’une exposition rétrospective consacrée à son oeuvre en 1879, soit cinq ans avant l’exposition rétrospective de celle de Manet.

Sa visibilité dans le domaine artistique français fait qu’il suscite des émules et devient le chef de file d’une nouvelle génération de peintres sur faïence au grand feu.

Hors de l’espace national, il va participer à la mondialisation du champ artistique en exposant dans les Expositions internationales de Londres 1871, Paris 1878, Sydney 1879, Melbourne 1880.

 

 

 

Bouquet 20 Durer ! Amplifier les succès initiaux rencontrés par ses peintures sur faïence dans les années 1870-1880 Partie 1