7.  Bibliothécaire du Duc de Lorraine.

 

7.  Bibliothécaire du Duc de Lorraine.

 

En 1719, quand il regagna Lunéville il fut nommé d’abord sous-bibliothécaire. Ce fut là sa seconde chance : celle de rencontrer cette bibliothèque tout de suite à la sortie de ses études, au lieu de tomber dans la mécanique monotone et déprimante d’une besogne quelconque et subalterne.

 

Une partie de la bibliothèque.

Les gentilhommes qui vienne assister aux cours rentrent par la gauche.

 

Il reçut pour ce travail une somme de 700 livres par an. Mais la gestion calamiteuse du joueur acharné qu’était le duc Léopold de Lorraine lui en fit perdre la moitié et pendant trois ans, il ne toucha plus que 350 livres. «  Monsieur le Prince de Craon instruit de ma triste situation, m’accorda la table à sa cour, ce qui m’empêcha de tomber dans une indigence que j’avais ignorée dans ma chère solitude de Sainte-Anne » Lettre de Duval du 28 juin 1750 à l’abbé Dom Calmet.

 

La hauteur de la bibliothèque est de neuf rangées de livres.

Debout ou déjà assis, les nobles sont prêts l’écoute.

 

Keyssler «  En 1730 comme bibliothécaire, il touche 1000 livres, a droit au logement au château, ainsi que la table avec le confesseur du Duc.  » page 29

«  Ce qu’il faut surtout louer en lui, ce sont sa modestie et sa politesse. Il ne rougit point de la médiocrité de ses origines. Au contraire, il se plaît à  raconter comme dans son intelligence une idée s’est formée après une autre, et combien il fut heureux, même en sa mauvaise fortune. » page 29

 

 

La bibliothèque centrale haute de quatorze rangées de volumes.

Valentin a préparé la pièce pour le cours à l’avance.

 

Selon Valentin Jamerey-Duval, «  c’est le baron de Pfützchner qui a procuré l’établissement de la première bibliothèque publique qu’il y ait eu en Lorraine. C’est lui -même qui en dressa le plan, choisit une partie des excellents ouvrages qui la composent et obtint l’ordre de la faire placer dans un des plus magnifiques appartements du Palais de Lunéville. » Que faut-il entendre par bibliothèque publique ? A qui était-elle accessible ?

Son contenu P créateur de la première bibliothèque publique de Lorraine en

Des ouvrages destinés à l’éducation et l’enseignement des princes de Lorraine

 

Au milieu, Valentin fait un cours d’histoire grecque ou  romaine.

Il dispose d’un carte historique ou géographique, d’une sphère et de monnaies d’or ou d’argent.

 

Mais il existe également dans  cette bibliothèque beaucoup d’ouvrages de droit, la Lorraine et ses Ducs étant souvent en conflit pour des querelles de possession de terres ou de droits. L’un des premiers ouvrages que Duval a fait acheter fut celui de H. Rosenthal, Tractatus et synopsis juris feudalis, 2 volumes imprimés à Francfort par Andréa. Il avait fallu faire en urgence l’acquisition de ce livre car la Maison de Lorraine était en conflit avec l’électeur palatin.

Dans un  premier temps on chercha ce livre chez les différents libraires de Nancy. On le fit donc venir d’Allemagne. Cette querelle entre le Duc de Lorraine et l’électeur palatin avait pour motif le thème suivant . Ils se disputaient tous deux dans le Comté de Falkenstein, «  la propriété des enfants de prêtre et  autres bambins d’un amour vague et furtif   »  , ce qu’on appelait le ius wildfangiatus. Cette dispute pour la possession de petits enfants fut vive, durable et ennuyeuse selon Valentin Jamerey-Duval. Les deux in-folio de Rosenthal arrivèrent par la poste avec bientôt plusieurs centaines d’autres volumes. On en avait besoin et on se plaignit point de ce que le port coûta.

Mais dit Valentin Jamerai-Duval, « lorsque l’on se vit  suffisamment pourvu de livres de droit on voulut aussi en avoir de théologie, de philosophie, d’histoire et sur cela on écrivit à Paris, à Londres et en Hollande et dans peu, une assez grande chambre contiguë à l’appartement de mon mécène le baron de Pfütschner, fut remplie de très bons livres.

 

Lorsque je revins de l’université de Pont-à-Mousson à Lunéville, je devins ce que l’on appelle helluo librorum. Comme je lisais nuit et jour, on s’avisa de me regarder comme un savant, moi qui n’étais que curieux. Conséquemment à cette erreur, on me confia le soin des livres qu’un évènement fortuit avait rassemblés. De plus on me décora du titre de Bibliothécaire.

Je crus que l’on se moquait de moi et comme mon éducation totalement champêtre ne s’était nullement effrayée à polir mes manières et mon langage, cela fit que sans hésiter, je refusai tout net ce que l’on me proposait. On m’exhorta à y penser. En effet, la réflexion et l’intérêt me rendirent plus hardi et moins modeste. J’eus l’audace d’accepter. » Lettre à Monsieur de Sauboin, secrétaire de l’Archiduc de SA Royale l’Archiduc grand-Duc de Toscane, 21 septembre 1771.

 

Cette bibliothèque compta un nombre respectable d’ouvrages choisis, et on cessa pas de l’augmenter, jusqu’à atteindre 8000 volumes. Dans la salle de la bibliothèque se trouvent deux globes de Coronelli et dont l’un , le globe coelestis et au jugement de Du Val, selon Keyssler, bon et utile, à cause des orbites et de quelques comètes qui y sont marquées, et dont l’autre, le Terrestris, est rempli de fautes.

La bibliothèque renferme également 3500 vieilles monnaies parmi lesquelles les monnaies anciennes sont en parfait état de conservation.

 

Valentin s’occupe de l’achat de livres pour la femme de Léopold, notamment chez le seul libraire qui ait été honnête avec lui lorsqu’il lui achetait des livres avec l’argent obtenu grâce à la vente des fourrures d’animaux du bois de Vitrimont. Il existe à New York une facture de Jacques Truain pour des livres fournis à Elisabeth Charlotte d’Orléans, duchesse de Lorraine, femme de Léopold. C’est Valentin Jamerey-Duval lui-même qui certifie sur cette facture que la Duchesse a reçu les livres et Truain note qu’il a reçu le paiement le 30 décembre 1736.

Liste des livres achetés chez Truain voir texte USA.

Son rapport avec le Duc «  J’étais appelé souvent chez le Duc Léopold pour converser avec quelques savants anglais, car cela lui plaisait beaucoup et à moi aussi. C’était là que j’avais remarqué que si ce Prince lisait peu les livres, il aimait infiniment à lire les hommes. » Lettre LXXL à Anastasia Sokoloff 16 février 1770.

 

Les après-midis à Sainte-Anne

«  La crainte que je n’oubliasse que l’agriculture est la mère nourricière du genre humain m’obligea à partager mon temps entre l’étude et les travaux champêtres, de sorte que, pendant les beaux jours, je donnais mes leçons le matin à Messieurs les cavaliers, et l’après-midi je courais à mon ancien désert.

 

Les ermites de Sainte-Anne à la cueillette.

Valentin sur une échelle travaillant avec les moines dont Zozime qui récupère les fruits que Duval fait tomber.

 

Duval ne contente pas d’exercer sa fonction intellectuelle, il n’oublie pas ses ermites de Sainte-Anne chez lesquels il se rend les après-midis.

Il ne s’y rend pas toujours seul. De temps en temps, avec quelques amis il leur fait visiter l’ermitage pour leur montrer d’où l’a tiré la bonté du baron de Pfütschner et la grâce du Duc. Il y possède encore une chambre et il a l’intention d’y faire bâtir une petite maison Il a fait représenter par un tableau le misérable vêtement dans lequel le baron l’a trouvé dans la forêt sous un arbre, en même temps que le paysage et la manière dont il est entré en conversation avec le Prince. Nous n’avons pas retrouvé trace de ce tableau qu’il avait pourtant emporté avec lui dans son appartement du palais Pitti à Florence.

C’est là où l’on m’a vu 100 fois tantôt perché sur un arbre fruitier pour en retrancher les branches inutiles, tantôt occupé à en greffer d’autres en fente, souvent à mener la brouette, à creuser des fossés, ou à planter des haies vives avec mon ami le laborieux frère Zozime, ermite très ignorant quant à la science, mais grand docteur en fait d’agriculture essentielle. »

Il ne s’y rend pas toujours seul. De temps en temps, avec quelques amis il leur fait visiter l’ermitage pour leur montrer d’où l’a tiré la bonté du baron de Pfütschner et la grâce du Duc. Il y possède encore une chambre et il a l’intention d’y faire bâtir une petite maison.

Il a fait représenter par un tableau le misérable vêtement dans lequel le baron l’a trouvé dans la forêt sous un arbre, en même temps que le paysage et la manière dont il est entré en conversation avec le Prince. Nous n’avons pas retrouvé trace de ce tableau qu’il avait pourtant emporté avec lui dans son appartement du palais Pitti à Florence.

7.  Bibliothécaire du Duc de Lorraine.