6. Bachelier en philosophie à l’Université de Pont-à-Mousson.
Agé de 23 ans, Valentin vint habiter le collège des Jésuites et étudier à l’Université de Pont à Mousson.
Ici aussi, c’est un changement radical d’existence pour Valentin.
Apprendre, non plus tout seul, mais avec des maîtres. Qu’est-ce que cela allait donner ?
Le désir de lire De rustica de Varron fit qu’en peu de temps il devint maître de la langue latine. L’agriculture n’est jamais absente de l’horizon de Valentin.
Il s’est arrêté au baccalauréat de philosophie. Selon Paymard, le titre de licencié lui aurait peu servi et n’aurait pas augmenté ses connaissances dans des proportions sérieuses. L’enseignement des Jésuites se complaisant dans les subtilités de la scolastique était surtout basé plus sur la mémoire et le souci de la forme littéraire que sur la réflexion et le jugement.
Le mieux pour lui était qu’il s’en allât puisque ses deux matières favorites, l’histoire et la géographie n’étaient pour ainsi dire pas enseignées.
Comment allait-il s’adapter à l’enseignement donné par les professeurs de Pont-à-Mousson ?
Sa méthode d’apprentissage personnel et son opinion sur l’enseignement dispensé sont sans nuances.
« Lorsque la divine Providence m’eut transféré de l’obscurité des forêts à la cour, et de là à l’Université de Pont-à-Mousson, la méthode qu’on voulut me prescrire me paraissant trop lente ou trop diffuse, j’en secouai le joug , je m’en fis une à ma mode, et ne marchant que par des voies scabreuses et écartées qui auraient dû m’égarer pour jamais, je parvins à force d’exercice et de travail à terminer mon cours d’humanité en l’espace d’une année.
Un globe géographique.
La philosophie de l’école m’ayant paru plus propre à émousser l’esprit qu’à perfectionner la raison et à former les mœurs, je me fis un plaisir de la négliger et je résolus de n’adopter que celle qui serait fondée sur l’expérience, sur l’utilité, et sur des maximes propres à diriger les actions de la vie. »
Ce qu’il y a appris : une connaissance approfondie du latin, le goût pour les monnaies et les médailles, et des éléments de numismatique.
Il respectait donc la confiance mise en lui par le baron de Pfütschner et le Duc Léopold.
Mais à l’âge de 22 ans, il fait l’expérience de la passion qui est plus forte que sa raison…
Il tombe amoureux d’une jeune fille de la bourgeoisie. Catastrophe, il lui faut trouver un moyen de se débarrasser de ce problème aigu. Comment faire pour expurger cette passion qui s’impose à sa volonté et risquait peut-être de lui nuire ? La salade de ciguë qu’il eut l’idée bizarre et dangereuse d’ingurgiter à l’imitation des auteurs antiques qu’il avait lus.
Il semble qu’il n’en a pas contrôlé les effets et qu’il ait trop mangé de ciguë.
C’est dans un des Pères de l’Eglise, Saint-Jérôme, qu’il est allé chercher ce remède grec, employé paraît-il par les prêtres de la religion d’Eleusis pour lutter contre des désirs trop charnels.
Valentin Jamerai Duval est dans état comateux. Derrière lui, on voit la carte de P. Du Val.
D’où vient le nom de Duval ?
Dans l’acte notarial du 18 janvier 1714 qui officialise son contrat de domestique des ermites de Sainte-Anne, on ne trouve pas le nom patronymique de Jamerey, seulement celui de Duval, natif de Villé , près de Mirecourt. Duval ici donne deux faux éléments : son lieu de naissance et son nom D’où vient le nom de Du Val ?
Plusieurs hypothèses ont été avancées par DIGOT, PFISTER, ou PAYARD. Nous pensons que Valentin, possesseur de cartes de géographie, a pris le nom du géographe qui a conçu ces cartes.
Son nom de Duval vient de cartes de Du Val dans sa pièce.
Pour DIGOT, ce qu’il y a de curieux dans l’acte du 18 janvier 1716, c’est que Jamerai indique comme son lieu natal le village de Viller, près de Mirecourt et ajoute qu’il ne connaît pas les causes qui ont pu l’engager à dissimuler son lieu de naissance.
DIGOT A., Notice biographique et littéraire, Mémoires de la Société Royale des Lettres, Sciences et Arts de Nancy, 1846.
Selon A. DONNADIEU, « Le nom de Du Val lui fut donné par le Duc Léopold de Lorraine pour rappeler le souvenir du lieu où deux de ses fils, les princes Léopold-Clément et François-Etienne, l’avaient rencontré dans une vallée de la forêt de Vitrimont, près de Lunéville, où il surveillait le troupeau de l’ermitage de Sainte-Anne, (en mai 1717 ). »
DONNADIEU A., Les lorrains et la cour de Florence de 1732 à 1742 d’après une correspondance inédite de Valentin Jamerai Duval, Bibliothécaire de SAR François de Lorraine, Grand-Duc de Toscane.
Duval signait d’ailleurs Du Val et son ex-libris, curieux et des plus rares porte les mêmes indications.
Ex-libris : Petite vignette, généralement collée, affirmant la propriété d’un livre. Fixée sur la page de garde ou le contreplat de ce livre, elle porte le nom ou les initiales du propriétaire, et, par l’image ou le texte, peut indiquer sa profession, ses goûts, ses travers, son rang social, etc.
Le contrat passé par Valentin avec les ermites prouve une chose, il s’était déjà donné ce nom avant même que la baron de Pfütschner ne l’ait rencontré en 1717.