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Laudrin 7 Un engagement politique local
I Des actions qui ne pouvait que déboucher sur un engagement dans le monde profane
1 La vision politique de l’abbé Laudrin
En octobre 1932 il précise sa vision du monde en pleine chaire dans la cathédrale de Vannes, à l’occasion d’une messe célébrée en mémoire des ouvriers qui sont morts au champ d’honneur du travail.
C’est une messe demandée par la Jeunesse Ouvrière Chrétienne JOC, dont il est l’une des chevilles ouvrières.
Du haut de sa chaire « il rappelle les origines du mouvement jociste, à l’initiative d’un jeune prêtre belge qui ne la trouva pas dans les ouvrages de rhétorique, mais dans la vie d’usine qu’il vécut dans sa famille. » Laudrin cible ici les intellectuels de gauche qui n’ont aucune connaissance réelle du monde ouvrier.
Puis il aborde la situation politique des ouvriers :
« La vie ouvrière est sous l’emprise des politiciens matérialistes et révolutionnaires. La situation au point de vue catholique est telle que le pape Pie XI a pu dénoncer au monde le scandale qui demeure la faute principale du XIXème siècle.
On a éteint sur les lèvres des travailleurs la douce chanson qui depuis 1900 ans berçait l’humanité. On n’a su la remplacer que par des cris de haine, de colère, de révoltes ou de blasphèmes. On leur a enlevé la foi, l’espérance et la charité. Sans rien mettre en place, pas même un vague bonheur matériel ! «
Hervé Laudrin toujours en chaire décrit la vie quotidienne ouvrière et ses difficultés, et désigne clairement l’ennemi de la spiritualité chrétienne.
« La voici qui chemine, la classe laborieuse, au long de ce XIXème siècle. Le cortège douloureux comprend des femmes fatiguées par 14 heures de jour dans l’usine, des enfants honteusement exploités dans les ateliers dès l’âge de 7 ans, des mutilés, des vieillards, des tuberculeux dont la société se désintéresse…des pauvres en un mot à qui des socialistes païens ont volé le ciel et ses clartés consolantes, à qui d’autres païens ont volé la terre et ses avantages.
Et aujourd’hui, dans notre siècle orgueilleux où l’on parle de dignité humaine, des droits de l’homme, des conquêtes de la science, de la rationalisation…voici que les évènements se moquant de tous, allongent les émouvants cortèges des Marcheurs de la Faim. »
L’abbé Laudrin évoque « le chômage, triste bilan, lamentable faillite d’un système économique dont les victimes sont comme par hasard, les déshérités de ce monde« ,
et il proclame « sa foi dans la jeunesse, sous le signe du Christ, jeunesse qui, aujourd’hui, a tenu à prier pour tous ses frères ports à la tâche, au champ d’honneur du Travail, pour que sur leur tombe fleurisse l’Espérance ! «
L’Evêque de Vannes a dû recevoir des appels courroucés de la bourgeoisie vannetaise…et les socialistes commencer à avoir l’abbé Laudrin dans le viseur car il utilise leur terminologie révolutionnaire pour conquérir les ouvriers.
2 Une action politique dans le cadre des syndicats chrétiens
Dès 1933 Hervé Laudrin participe à des réunions concernant le syndicalisme chrétien organisées à Lorient.
Le Nouvelliste de Vannes, 28 mai 1933 © Archives départementales du Morbihan
Il est évident que la municipalité lorientaise dont le maire Jules Legrand est le premier d’une liste radicale et radicale-socialiste, et les partis politiques puissants que sont le la SFIO et le Parti communiste voient en cette organisation l’émergence d’un concurrent dangereux puisqu’il touche au coeur même de leurs électeurs.
Les slogans sont percutants, ainsi celui de l’abbé Camenen : Aimez le devoir, travaillez dans la joie.
On est tout de suite dans l’acion concrète. Mlle Le tendre qui figure déjà dans des instances décisionnelles puisqu’elle a été élue à la Commission départementale du Travail fait un bref historique des syndicats de la place lorientaise, et dénombre 400 membres dans le syndicat chrétien.
On aborde tout de suite le problème de l’emploi. Là intervient l’abbé Laudrin qui demande « à côté du bureau de placement, un office d’orientation professionnelle absolument urgent ». Une idée extrêmement novatrice faite pour mieux accorder les flux de demandeurs d’emploi aux offres faites par les entrepreneurs.
On est de plein pied avec l’actualité économique. La crise mondiale a jeté 30 millions de chômeurs sur le pavée et le rapporteur Moigno voit dans les 40 heures l’unique moyen de résoudre cette crise en partageant les heures ainsi dégagées au profit de ceux sui sont sans emploi.
Pour l’abbé Laudrin, « les 40 heures ne sont pas une panacée universelle. Il y a d’autres moyens parallèles à cette mesure à laquelle du reste je ne suis pas opposé, car le développement du machinise nous conduit à instituer la semaine de 40 heures, mais elle ne peut être qu’un palier. »
Et il présente un argument qui est aujourd’hui d’une actualité brûlante : ‘Ne pourrait-on pas instituer une économie dirigée par le contrôle efficace des industries mondiales ?«
Au dîner le chanoine Desgranges, député de l’arrondissement de vannes, est assis à la place d’honneur avec à sa gauche l’abbé Laudrin. Parmi les 70 convives figure l’abbé Glotin chargé à Saint-Louis de la Jeunesse Ouvrière Catholique. Rien n’est laissé au hasard dans ces réunions.
Suit l’après-midi une conférence du député chanoine Desgranges sur « La crise mondiale et le syndicalisme chrétien. » Pie XI dit-il l’a rappelé : La crise est amenée par trois vices de l’humanité : l’inflation, la spéculation, la surproduction. Desgranges poursuit : « On a considéré l’Etat comme une Providence, d’où découlerait un pactole inépuisable d’allocations et pensions. Or, ce sont les individus au contraire, qui par leurs efforts devraient être la Providence de l’Etat. Le système de mendicité générale conduit au gouffre. » Le député chanoine Desgranges s’oppose aux quarante heures pour la raison que les industries françaises ont perdu une grande part de leur clientèle mondiale au cours de la guerre, et que leur récupération dans le cadre de cette crise serait rendue encore plus difficile par la mise en place des 40 heures à laquelle Desgranges s’affirme absolument opposé.
On voit que si le député chanoine Desgranges adopte résolument la position du patronat français, il n’en est pas de même pour l’abbé Laudrin dont l’argumentation est plus nuancée, et qui s’inquiète du temps libre laissé aux ouvriers. Il est vrai que l’alcoolisme est un fléau majeur, la lutte contre les méfaits de l’alcool occupant beaucoup d’énergie à Lorient dans les années trente. Un congrès national contre l’alcoolisme a d’ailleurs eu lieu à Lorient en 1930.
3 Frictions et conflits avec les groupements laïques
En 1937 dans un extrait tiré du CEP, et sous un titre provocateur
L’Action laïque, avril 1938 © Archives départementales du Morbihan
le journal L’Action laïque relève – en donnant publiquement son nom – » qu’André Jorand, notre excellent ami, a quitté Lorient pour Loudéac. Il va incessamment entrer dans l’enseignement public. Qui l’eût cru ? Mais il viendra de temps en temps au CEP où il laisse de nombreuses amitiés. »
La riposte de l’Action laïque est révélatrice des tensions existantes entre laîquees et catholiques dans les années trente.
Le bureau du Comité de Défense de l’Action laïque met d’abord en cause la qualification professionnelle et la loyauté de l’instituteur « Nous demandons si André Jorand a les qualifications requises pour assurer les fonctions d’instituteur laïc. »
Le bureau va même plus loin en adoptant une attitude publique de dénonciation :
L’Action laïque, avril 1938 © Archives départementales du Morbihan
C’est dire l’intensité des affrontements.
Le journal reprend également l’attaque frontale menée par le Nouvelliste du Morbihan contre l’abbé Mahé, montrant par là la vraie raison de ce feu nourri, à savoir le fossé idéologique entre Chrétiens catholiques et Laïques de combat.
L’Action laïque, avril 1938 © Archives départementales du Morbihan
Les termes sont soigneusement choisis pour le discréditer » Une vilaine action commise par lui…Une volée de bois vert… » L’abbé Laudrin est devenu un adversaire dont il faut combattre la puissante influence qu’il exerce sur la jeunesse de Lorient.
4 Attaques directes dans les journaux auxquelles l’abbé répond directement, on imagine l’embarras de l’Evêché
Le journal Le Rappel du Morbihan, dont le siège est à Lorient s’intitule en sous-titre Le Journal des démocrates bretons. Le titre choisi pour attaquer Hervé laudrin pastiche un roman d’Emile Zola paru en 1875. Cette référence littéraire donne déjà une indication de l’orientation du journal. C’est un journal bi-hebdomadaire édité par le Parti socialiste depuis 1899 et qui existe encore aujourd’hui.
Le Rappel du Morbihan, juillet 1936 © Archives départementales du Morbihan
Le journal Le Rappel répond à l’abbé Laudrin « M. Laudrin ne discute pas, il ironise. Il demande seulement à connaître le nom de l’auteur de l’article qui lui a été consacré. Mille regrets, M. l’abbé ! Nous n’avons pas l’intention de faire au Rappel une mosaïque de noms de nos rédacteurs. Qu’il vus suffise de savoir que cleui qui l’a écrit est au moins aussi sportif que vous.
Nous avons dit que vous aviez eu la médaille d’Or de l’Education Physique dans des conditions anormales. Et nous le maintenons.
Vous avez injurié les jeunes filles lroientaises que nous avions le devoir de défendre. Sans prononcer le mot, vous les aviez comparées à celles qui courent après l’homme dans la rue ( l’abbé avait attaqué les jeunes filles du collège et lysée publics sur leur tenue vestimentaire et leurs relations avec les garçons). «
On voit que le ton employé n’est plus trop aux formules de politesse.
Le Rappel attaque également le mélange des genres – qui fait sa force dans Lorient – incarné par l’abbé, sportif et religieux : « Votre attitude de directeur sportif est vraiment unique…Le rôle d’un prêtre n’est pas d’embrasser Bourron ( un athlète victorieux ) sur le terrain… »
« Vous n’avez pas su conquérir l’amitié et l’estime des lorientais et nous nous en réjouissons ». Il faut comprendre l’inverse, c’est bien parce que l’abbé entame les couches électorales ouvrières que le parti socialiste l’attaque de front. Si l’association Politique sportive/ religion chrétienne n’avait pas d’effet attractif sur la population lorientaise, les socialistes ne prendraient même pas la peine d’écrire un article contre l’abbé.
Et depuis mai 1936, les socialistes sont au pouvoir avec le Front populaire et l’alliance avec les communistes français dirigés en directe par Staline.
Le Rappel du Morbihan, novembre 1936 © Archives départementales du Morbihan
Dans ce titre, l’imaginaire du lecteur est fortement sollicité. Qu’en est-il ?
Louis Cren, instituteur, socialiste, un brillant orateur, secrétaire du syndicat du Morbihan et de la fédération nationale socialiste, 5e adjoint au maire socialiste de Lorient Emmanuel Svob écrit « J’ignorais jusqu’ici que le sport et les voyages n’accaparaient pas seuls les loisirs des juenes gens du CEP et de leur pétillant aumônier. Jugez plutôt.
Une caravane cépiste s’est rendue dans les Pyrénées et en particulier a visité Lourdes. » Jusqu’ici rien de particulier, le journaliste fait semblant d’ignorer ce que tout le monde sait. L’affaire prend une autre tournure quand « Ce qu’on ne nous a pas dit, c’est que les cépistes avaient adressé des cartes postales et connaissances, et naturellement je n’ai pas été oublié. J’ai donc reçu une carte représentant la basilique et la grotte de Lourdes. A la grotte bénie, j’ai prié pour vous…Mais au dos de la carte un crétin a tracé les mots suivants Bonne fête Kamarade Syndiqué Léon Blum. »
Vraie ou fausse cette anecdote montre que l’affaire se déplace clairement sur le plan politique. Et que l’affrontement entre l’abbé chrétien Laudrin Directeur du CEP et la municipalité socialiste laïque devient de plus en plus direct.
Le même Louis Cren fait paraître deux semaines plus tard une lettre ouverte adressée à l’abbé Laudrin. Les hostilités sont désormais clairement ouvertes.
Le Rappel du Morbihan, novembre 1936 © Archives départementales du Morbihan
Après une attaque de L’abbé Laudrin contre la patronage laïque de Lanester, Louis Cren, s’il emploie une formule rhétorique de politesse « Monsieur l’Abbé » avec une majuscule à Abbé, ne fait pas dans la dentelle.
« Il vous serait bien difficile, n’est-ce pas, de publier l’état de vos ressources et surtout leur affectation…Nous n’avons pas l’appui des autorités maritimes, qui détenant l’avancement, savent se servir de ce puissant levier pour assurer votre recrutement des fusiliers marins…Dès qu’une de nos sociétés (laïques, nda) veut acheter un terrain pour y faire du sport, vous vous jetez en travers…Vous faites jouer le refus des sacrements ( dont ceux concernant l’intégration sociale au groupe : baptême, cofirmation, mariage, nda ) pour vider nos écoles et nos sociétés ». (nda = Note de l’auteur)
De l’affrontement idéologique Religion / Laïcité on est passé à une attaque réciproque sur les gros sous.
Et la menace Laudrin est prise très au sérieux par les socialistes « Avouez donc que le sport n’est pas pour vous un but, mais un moyen », c’est-à-dire celui de conquérir la mairie de Lorient.
Gros sous, mais aussi attaque sur le plan de l’idéologie politique. L’abbé Laudrin ayant déclaré dans Le Nouvelliste du Morbihan que les enfants des patronages laïques étaient soumis au prosélytisme des socialistes et à l’emprise des idées marxistes, Louis Cren répond violemment « que c’est l’accusation stupide de tous les fascistes ». Voilà l’abbé Laudrin classé dans les rangs de Mussolini, ex-membre du Parti socialiste italien jusqu’en 1918, au pouvoir en Italie depuis 1922, et du national-socialiste Adolf-Hilter au pouvoir en Allemagne depuis trois ans.
Désormais les attaques vont se succéder, de plus en plus violentes
Le Rappel du Morbihan, mars 1937 © Archives départementales du Morbihan
Le Rappel du Morbihan, octobre 1937 © Archives départementales du Morbihan
J. Lagarde du Rappel « Beaucoup de nos amis ne connaissent certainement pas une feuille infâme, cléricalo-fasciste et sportive qui a pour nom « Equipes Nouvelles », organe du CEP. Dans ce torchon de papier qui ne décolère pas vis-à-vis de la laïcité, la bave virulente de l’abbé Laudrin trahit une haine qui ne concorde guère avec son rôle de prêtre très chrétien…Pour ses ouailles sportives et bien bêlantes…le très saint abbé y glapit et y grogne… » Le Rappel, mars 1937. Une réaction épidermique à propos de l’appréciation de l’abbé Laudrin qui estimait que le candidat à la direction sportive du futur établissement laïque de Lorient n’était pas à la hauteur.
De par sa forte personnalité, l’abbé Laudrin n’hésite pas à se confronter directement avec un socialiste dans le cadre d’une conférence sur la laïcité.
Le Rappel du Morbihan, octobre 1937 © Archives départementales du Morbihan
II L’ecclésiastique Hervé Laudrin, maire de Locminé
Le mandat de maire n’est pas le premier mandat d’Hervé Laudrin : il est en effet député gaulliste du Morbihan depuis 1958, soit déjà sept ans.
1 L’abbé Laudrin, un homme déterminé, même face à sa hiérarchie catholique
INCIDENT ENTRE L’ÉVÉQUE DE VANNES ET L’ABBÉ LAUDRIN député U.N.R. du Morbihan
Vannes, 11 mars – La candidature de l’abbé Laudrin, député U.N.R. du Morbihan, qui se présente à Locminé contre le maire sortant, M, Kerrand (républicain indépendant), conseiller général, à la tête de la municipalité depuis vingt ans, a provoqué un incident avec le nouvel évêque de Vannes, Mgr Boussard, Celui-ci, consulté par plusieurs conseillers municipaux de Locminé, a notamment déclaré :
« A la question de savoir si M. l’abbé Laudrin a reçu une autorisation écrite ou orale de l’évêque ou d’une personnalité religieuse pour se présenter aux élections municipales, je dois répondre que je démens absolument ce bruit, d’où, qu’il vienne. M. Laudrin n’a aucune autorisation, ni de faire campagne ni a fortiori de constituer une liste et de se présenter aux élections. Le reste concerne mes relations d’évêque à prêtre et en raison de cela même ne peut faire l’objet d’aucune déclaration publique. »
A la suite de cette mise au point l’abbé Laudrin a précisé :
» Je n’ai pas cru devoir solliciter l’autorisation d’entrer dans la bataille politique des élections municipales. Je n’ai en conséquence jamais déclaré l’avoir obtenue. Je suis rentré dans la vie politique en 1958 avec l’autorisation de mon évêque, alors Mgr Le Bellec, autorisation renouvelée en 1962. En acceptant l’invitation de mes compatriotes à me présenter aux élections municipales je reste simplement dans le cadre de mon mandat politique. Je suis d’ailleurs libéré de toutes charges ecclésiastiques. J’ajoute que je suis officiellement averti qu’il ne sera pris contre moi aucune sanction. »
2 Maire sans interruption de 1965 à 1977
De 1944 c’est Yves Kerrand qui est maire et son mandat courra jusqu’en 1965, également Conseiller général de 1949 à 1967. C’est cet homme qu’Hervé Laudrin devra battre pour conquérir la mairie. Pourtant les deux hommes appartiennent au même camp, ils sont gaullistes. Ils ont passés tous deux leur enfance à Locminé et se connaissent donc bien, une année de différence seulement les sépare.
Si Hervé Laudrin est d’un milieu artisan modeste, Yves Kerrand est le fils d’un notable. Il perpétuera d’ailleurs après des études à Nantes la continuité de la lignée notariale en 1927 à Locminé, après son grand-père Louis Kerrand et son père Placide Kerrand qui a rempli la fonction de maire pendant la première guerre mondiale. Depuis 1935 il fait partie du conseil municipal et a donc une longue expérience de la vie politique.
Tout comme Hervé Laudrin il a risqué sa vie pour la France en rentrant dans la clandestinité résistante et a autant de légitimité sur le plan de la fidélité au gaullisme que l’abbé Laudrin pour emporter un autre combat municipal.
Mais les électeurs en décident autrement, favorisant un candidat qui s’il est gaulliste n’est pas un notable associé à la droite, et la campagne entre les deux hommes laissera des traces.
Paie-t-il une trop grande proximité avec l’indépendant Raymond Marcellin qui est moins en odeur de sainteté auprès de de Gaulle, son appartenance au MRP qui n’est plus dans l’air politique du temps ou l’électorat vote-t-il en partie pour le prêtre ou l’efficacité organisationnelle montrée par Hervé Laudrin à Lorient ? Ou encore et surtout parce qu’Hervé Laudrin est député du Morbihan depuis 1958 avec l’UNR de de Gaulle, les électeurs estimant qu’il y a plus à gagner avec un maire qui dispose de relations au-delà du canton ?
Toujours est-il que c’est Hervé Laudrin qui ceint l’écharpe de maire.
En 1965 la petite ville compte près de 2 500 habitants. Elle est plus proche d’une grosse bourgade de campagne que d’une ville avec toutes les fonctions qui la définissent.
L’abbé Hervé Laudrin et son équipe municipale sur le perron de la Mairie de Locminé, Photographie argentique , s.d. © Collection particulière
L’écharpe de maire de l’abbé Hervé Laudrin
L’écharpe de maire de l’abbé Hervé Laudrin et ses médailles, Photographie numérique , 2020 © Collection particulière
3 L’action et l’engagement au service d’une collectivité profane
31 Une personnalité à multiples facettes
32 Modes décisionnels de gouvernance locale
33 Un élu intervenant à tous les niveaux décisionnels
Lorsque l’on lit les courriers qu’envoyait l’abbé Laudrin en tant que maire, conseiller général ou député, on constate que son activité est impressionnante. Tous les sujets sont abordés, qu’ils soient d’ordre individuel ou concernant toute une profession, une institution ou un espace géographique déterminé. Il n’hésite pas à écrire plusieurs fois sur le même sujet aux différents interlocuteurs, suivant de très près les dossiers, pour résoudre le problème de départ, que ce soit au Préfet, ou aux différents services des administrations concernées.
34 Un entregent au niveau national
4 Locminé bénéficie d’équipements importants sous sa magistrature
41 Le collège
42 Le lycée
43 Le lycée professionnel
44 Le complexe sportif
45 l’Eglise
46 La maison de retraite
47 La piscine
1976 Inauguration de la piscine de Locminé avec le Ministre des Sports en personne
L’abbé Laudrin lors de l’inauguration de la piscine de Locminé, Photographie, 1976 © Le télégramme, 16 décembre 2014
Une piscine ouverte au public dès le 25 juillet 1975
Un programme national baptisé « 1 000 piscines » avait été lancé en 1969, par le secrétariat d’État chargé de la Jeunesse, des sports et des loisirs, à la suite des mauvais résultats catastrophiques des nageurs français aux jeux olympiques d’été de 1968.
« Le 5 février 1972 le conseil municipal de Locminé, alors présidé par le député-maire l’abbé Hervé Laudrin, choisira une piscine dite de modèle Tournesol. Sa construction n’interviendra qu’en février 1974.
Ouverte au public le 25 juillet 1975 elle sera inaugurée le 15 janvier 1976 par Pierre Mazeaud, secrétaire d’État à la jeunesse et aux sports. Le coût de cette piscine était alors de 1 700 000 francs (259 163 €). La participation de la Ville s’élevait à 1 041 000 francs (158 699 €) auxquels s’ajouteront 65 000 francs (9 910 €) pour la voirie et les réseaux divers. » Le télégramme, 16 décembre 2014
« L’abbé Laudrin était un grand homme, indique Gérard Lorgeoux, ancien maire de la ville. Il a marqué la région de Locminé par toutes ses actions en tant que maire, député et conseiller régional. C’était une personnalité respectable et respectée. Il a participé au démarrage du développement de la ville de Locminé. » La Gazette du Centre Morbihan, 23 mars 2017
III Conseiller général du canton de Locminé en 1967
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