Conclusion

Comme le soulignait le secrétaire Mauricet dans son premier compte-rendu des réunions de la Société Polymathique du Morbihan, «Notre département est couvert de monuments dont les usages et l’origine se perdent dans l’antiquité la plus reculée. Mais ces monuments sont muets (96) ». Non seulement leur interprétation est difficile, qui donne lieu à des hypothèses diverses et variées, mais depuis 1826 ils ont pour un grand nombre d’entre eux disparu, et dans le cas plus particulier du Haut-Brambien, disparu dans leur quasi-totalité.

Le plan-masse du Haut-Brambien adjoint en annexe à l’Essai sur les antiquités du Morbihan pose de nombreuses questions dont certaines demeurent toujours sans réponse. Les pierres dont parle Joseph Mahé sont selon lui-même, les antiquaires et archéologues locaux du XIXe siècle liées à la préhistoire. Leur disparition quasi-totale fait qu’il est difficile de trancher aujourd’hui entre l’hypothèse de monuments mégalithiques ou simplement d’éléments rocheux affleurant à la surface du sol.

La présence de certaines pierres reliques penche plutôt en faveur de la seconde hypothèse, mais la présence au nord, à l’ouest, au sud-est et au nord-est de mégalithes reconnus encadrant littéralement le Haut-Brambien, ainsi que les signes relevés sur certaines pierres, permettent d’envisager l’hypothèse d’une utilisation de cet amoncellement de roches naturelles par les hommes préhistoriques. Les causes de la disparition de ces pierres sont nombreuses, mais les intérêts économiques et financiers en sont une constante majeure.

Dès la parution de l’Essai les éloges ont fleuri, mais aussi les critiques. Le livre a été l’objet de vives controverses, l’auteur confronté à de nombreux détracteurs. Les contestations de son oeuvre n’ont pas manqué au cours du XIXe siècle. Elles perdurent au XXIe siècle, l’abbé étant souvent pris comme contre-modèle sur le plan scientifique.

Pour quelles raisons le chanoine fait-il ainsi l’objet de jugements qui lui valent de présenter de nos jours encore une image fortement contrastée ? Pourtant Joseph Mahé, dont la culture, immense, force l’admiration est un homme auquel les préhistoriens sont redevables car c’est lui qui a sauvé les mégalithes du Morbihan d’une destruction certaine (97). Comment se fait-il que la postérité lui soit si cruelle (98) ?


96  M. MAURICET, Compte-rendu des travaux de la Société polymathique du Morbihan pendant l’année 1826-1827, Vannes, Galles, mai 1827, p.14.
97 «Pour la construction du phare, on a détruit plusieurs de ces monuments celtiques qui font honneur au Morbihan. On en a détruit à Crach et à Carnac, et ceux de Belz sont menacés ; ce ne sont plus des craintes, ce sont des faits. Les ouvriers qui font ces dévastations disent qu’on leur a défendu de toucher au grand monument de Carnac, mais que le reste a été abandonné à leurs marteaux. », Lettre de Mahé au préfet, 1826.
98 C’est ce que nous verrons dans une seconde partie : Le chanoine Mahé, une image contrastée.

Conclusion